Grand écart pour les ventes d’Art d’Afrique et d’Océanie à Paris

La dispersion de collections prestigieuses et la qualité des œuvres a fait la différence entre les deux maisons de ventes aux enchères. Avec 105 lots proposés, la vacation du département d’art africain et océanien de Sotheby’s qui s’est tenue à Paris mercredi 10 décembre a atteint 12 millions d’euros(*), dont 6,17 millions grâce à la collection Alexis Bonew ; Le lendemain, Christie’s a récolté 3,8 millions d’euros avec 143 lots proposés. Ces résultats sont somme toute bien meilleurs que ceux obtenus l’année dernière.

Les arts du Congo de la collection Alexis Bonew et les arts océaniens tiennent la vedette chez Sotheby’s
La collection d’Alexis Bonew a largement dépassé son estimation de 1,2 à 1,7 million d’euros pour atteindre un montant de 6,17 millions d’euros (94,1 % des lots vendus) tandis que la vacation d’art africain et océanien a récolté 5,87 millions d’euros (77,5 % de lots vendus).
Le masque Muminia, Lega, (République démocratique du Congo) tient la vedette de la journée : estimé entre 200 000 et 300 000 euros, ce « chef-d’œuvre inédit » fut disputé par huit enchérisseurs jusqu’à 3,57 millions d’euros (deuxième plus haut prix de l’histoire pour un masque africain). Acquis en 1970 par Alexis Bonew, ce masque avait été collecté par l’administrateur colonial Raymond Hombert en 1927. Une statue nkonde, Kongo (République démocratique du Congo) a presque vu doubler son estimation en étant adjugée 1,55 million d’euros.

Deux œuvres polynésiennes inédites sur le marché ont mené la seconde partie de la vacation (Art d’Afrique et d’Océanie). Adjugé 1,89 million d’euros (est. 300 000 – 400 000 euros), un Rapa, rappelant une silhouette humaine, a battu le record mondial pour une œuvre de l’Ile de Pâques. Un pectoral Reimiro, insigne réservé aux sommets de l’aristocratie pascuane, a triplé son estimation haute pour atteindre 901 500 euros. L’art Zande était également convoité, comme en témoigne une harpe anthropomorphe (République Centrafricaine) adjugée 433 500 euros, le double de son estimation haute.

Ces derniers chiffres portent le résultat annuel du département Art africain et océanien parisien de Sotheby’s à près de 26 millions d’euros - montant record pour ce domaine de collection chez Sotheby’s France.

Entre Paris et New York, c’est un total cumulé de 84,7 millions d’euros que la maison atteint, grâce en partie à la dispersion des collections Myron Kunin (41,6 millions de dollars) et Allan Stone (seconde partie, 5 millions de dollars) à New York ainsi que les collections Alexis Bonew et Murray Frum à Paris. 13 œuvres ont été vendues au-dessus d’1 million de dollars.

Pas d’enchère millionnaire chez Christie’s
La vacation de Christie’s qui s’est tenue à Paris jeudi 11 décembre proposait, outre la vente classique d’Art d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique du Nord (1,15 million d’euros), la dispersion d’une collection anonyme « Force et Présence » (2,65 millions d’euros). Au total, les 143 lots proposés ont rapporté 3,79 millions d’euros (61 % de lots vendus). C’est une grande statue Songyé (République démocratique du Congo) qui figure en tête de la vente, bien qu’elle ait été adjugée en dessous de son estimation basse : 289 500 euros (est. 300 000 – 500 000 euros). Un bouchon de flûte Biwat, Wusuar (Papouasie-Nouvelle-Guinée, estimé entre 150 000 et 250 000 euros) et un tambour Mangbetu, nedundu (République démocratique du Congo, estimé entre 60 000 et 80 000 euros) ont, en revanche, été adjugés au-delà de leur estimation, respectivement à 253 500 euros et 193 500 euros.

Ce chiffre s’ajoute aux résultats obtenus le 19 juin dernier lors de la vacation d’Art d'Afrique, d'Océanie et d'Amérique du Nord (2,33 millions d’euros) et la vente de la collection de Rudolf et Léonore Blum (3,61 millions d’euros), portant le chiffre annuel du département de Christie’s à 9,7 millions d’euros.