Forte intuition

S’en étaient suivi des propositions transversales et hétéroclites mêlant art contemporain, objets de curiosité et pièces historiques. « Intuition » est la dernière d’un cycle de six et vole la vedette à bien des propositions plus officielles. Le rez-de-chaussée, sépulcral, accueille sous l’égide d’un somptueux panneau peint par Basquiat (Versus Medici, 1982), cinq statues-menhirs issues des premiers temps (3000 av. J.-C.), aussi puissantes que magiques. L’intuition qui préside à cette rencontre délivre immédiatement le visiteur des diktats de la chronologie, de la logique historienne pour plonger dans les méandres du paranormal, de l’inspiration, de la télépathie, préceptes qui ont guidé le commissariat éclairé de Vervoordt et Daniela Ferretti. Pêle-mêle, Kandinsky, Boccioni, Man Ray, Breton, Soulages, Abramovic, Ann-Veronica Janssens, quelques-uns des deux cents artistes rassemblés, côtoient des œuvres de la Renaissance italienne, des sculptures primitives, des masques africains. Tous prennent place naturellement au fil des appartements de Fortuny, meublés, chargés et sombres, qui dégagent une force envoûtante, et de salles plus sobres où les propositions sur le noir et le blanc s’offrent, magistrales de simplicité. Les vitrines sont des morceaux de bravoure qui retiendraient le spectateur pendant des heures tant il y a de pistes d’interprétation, d’idées brillantes. Ainsi quand L’Homme illuminé de Duane Michaels (1968) rencontre une Extase de saint François et une Annonciation dessinées par Gaspard Diziani (XVIIIe siècle), la messe est dite et donne l’intuition que cette exposition est l’une des toutes meilleures de la cuvée vénitienne 2017.