Kohei Nawa, Tokyo. Retenez ce nom. Le Musée d’art contemporain de Tokyo vient d’offrir sa première rétrospective à cet artiste âgé de seulement 30”¯ans.
Très connu au Japon pour ses articles de design, il a remporté l’an passé le grand prix de la Biennale du Bangladesh. Il a connu une certaine notoriété en couvrant des animaux empaillés de bulles de Plexiglas. Il a aussi créé un téléphone portable sur le même principe, très kitsch.
Kohei Nawa impressionne surtout par une manipulation extravagante des matériaux et des techniques. Son exposition s’ouvre par un beau dessin arachnéen, tracé en colle plastique, de blanc strié de noir, qui donne l’impression d’un filet de verre. Le parcours tient de l’expérience sensorielle. Chaque salle est plongée dans un bain lumineux d’une couleur changeante, grâce à l’électroluminescence très maîtrisée de lampes LED. Les spectateurs sont d’autant plus trimballés dans les décalages visuels et les illusions d’optique. Hologramme, scanner, feuilles de Plexiglas à effets de prisme, ombres en carrés de couleurs, bulles d’air remontant à la surface d’un bain de silicone… tout est faux, et la moitié est vraie.
Jun Nguyen-Hatsushiba, Triennale de Yokohama. À 43 ans, cet artiste a pu présenter son œuvre à Vienne et à Rome, ainsi qu’à la Biennale d’Istanbul. Né à Tokyo d’un père vietnamien et d’une mère japonaise, il a longtemps axé son travail sur la tragédie des boat people, qu’il décline en installations, vidéos, photos, dessins ou peinture, et même de la peinture sous l’eau. Après le séisme et le raz-de-marée du 11 mars, il a organisé une course silencieuse au Viêtnam et au Japon, une traversée poignante des décombres laissés par la catastrophe. Une salle lui est dédiée à la Triennale, qui dure jusqu’à novembre.
Daido Moriyama, Osaka. Rencontre avec ce vétéran de 72 ans au musée d’art contemporain de la ville, qui a réalisé une rétrospective de son œuvre. Il a été énormément publié et exposé dans son pays, mais beaucoup moins en Occident (une rétrospective en 2007 à Séville, entre des échos dans les galeries White Cube et Kamel Mennour).
L’exposition déroule son passage d’une photo noir et blanc, à la manière du réalisme italien, à des grands formats aux couleurs crues. Ses chiens errants, filles des rues et clodos des gares restent les témoignages les plus émouvants des déclassés de la reconstruction du Japon. Mais la figure humaine, dont l’artiste avoue désormais trouver la présence « trop forte », s’est effacée, remplacée par les mannequins et les affiches tapageuses des mégalopoles. La compassion aussi s’en est allée, il confie ne pas savoir pourquoi.
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Fine fleur japonaise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°639 du 1 octobre 2011, avec le titre suivant : Fine fleur japonaise