Comment, lorsqu’on est une vénérable foire de trente et un ans, arriver à susciter encore l’intérêt des foules et des spécialistes ? Comment arriver à se maintenir dans un peloton de tête menacé chaque année par des petits nouveaux toujours plus fringants alors que le maillot jaune bâlois est intouchable ? La Fiac a commencé par remanier ses troupes dirigeantes en nommant comme directrice artistique l’ancienne galeriste néo-zélandaise Jennifer Flay (cf. L’Œil n° 554) épaulée dans sa tâche par un comité de sélection de galeristes français et étrangers. Celui-ci rassemble Marcel Fleiss (galerie 1900-2000), Thaddaeus Ropac, Bernard Zürcher et Anne de Villepoix, d’une part ; Lorenzo Fiaschi (galeria Continua, San Gimignano), le Belge Xavier Hufkens, Michael Janssen de Cologne, le Londonien Jim Silverman Van Coenegrachts (Lisson Gallery) et l’Autrichienne Ursula Krinzinger, d’autre part. Tout ce beau monde a sélectionné les quelque deux cent quatorze participants issus de vingt-quatre pays – dont un tiers de nouvelles galeries d’art majoritairement très contemporain – qui vont occuper les deux halls désormais alloués à la Fiac. Par rapport à 2003, ce sont donc quatre-vingt-dix-huit galeries de plus parmi lequelles quelques revenants des années passées mais surtout soixante-six complètement néophytes sur le terrain parisien. Sans négliger pour autant les galeries dites « historiques » dont le marché reste un moteur non négligeable, la Fiac mise ainsi sur les jeunes en poussant les limites du secteur « Perspectives » (activé par le mécénat de la maison Ricard) à trente-trois box répartis dans le hall 5.1. Exit le Vidéo Cube – une bonne idée pourtant –, mais peu rentable pour une foire. Piqûre de jouvence en revanche dans ce nouvel espace adjoint au hall 4 habituel avec « Future Quake », dont les vingt box sont attribuées à des galeries ouvertes depuis moins de trois ans. Le signe de ralliement ? Ne pas dépasser le prix de 5 000 euros par pièce. S’y bousculent des galeries françaises (Corentin Hamel, Jocelyn Wolff, G-Module, La Blanchisserie, Atelier Cardenas-Bellanger et la Galerie de multiples) mais aussi pas mal d’Américaines et quelques Européennes. Un vivier à découvrir, l’occasion de faire quelques paris ou de se faire plaisir avec des œuvres à des prix plus abordables, ce qui devrait attirer des collectionneurs plus jeunes, stimuler les premières fois et les coups de cœur, tout comme le secteur « Édition » qui côtoie cette jeunesse. Le jeunisme étant aussi un défaut, la Fiac a eu la sagesse de ne pas tout miser sur ce seul « atout » et de se diversifier avec un secteur « Design » mêlant judicieusement pièces historiques et productions d’avant-garde. Le pilier parisien Kreo avec Newson, Szekely ou Bouroullec, Éric Philippe avec des lampes et autres mobiliers de Frank Lloyd Wright, Jousse Entreprise avec ses jeunes artistes comme Mir ou Buchet et des perles comme Matégot, Prouvé ou Perriand en assurent le niveau. Du beau monde, de la nouveauté, de l’énergie, la Fiac voit grand et revêt des atours très professionnels et inventifs. Pour sûr, elle a mis toutes les chances de son côté pour revenir avec une médaille.
La Fiac 2004, Foire internationale d’art contemporain, a lieu du 21 au 25 octobre, le jeudi 21 de 12 h à 22 h, le vendredi 22 de 12 h à 20 h, les samedi 23 et dimanche 24 de 11 h à 20 h, le lundi 25 de 12 h à 18 h. Tarifs : 15 et 7,5 euros. Porte de Versailles, hall 4 et 5.1, PARIS, XVe, www.fiac-online.com
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Fiac, trentenaire et jeune première
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°562 du 1 octobre 2004, avec le titre suivant : Fiac, trentenaire et jeune première