Zgorecki, témoin de son époque

Après la grande saignée de la Première Guerre mondiale, la France est en manque de main-d’œuvre. Mineur, il ne le restera pas longtemps. La proposition de son beau-frère de lui céder son studio de photographie le fera quitter la mine pour devenir photographe à Rouvroy. Quand, en 1924, il reprend l’affaire, les Polonais représent 40 à 45 % de la population de la ville. Ils formeront l’essentiel de sa clientèle. Baptême, communion, mariage, funérailles, rencontres sportives ou musicales : les photographies de Kasimir Zgorecki (1904-1980) témoignent des grands rassemblements d’une communauté. Les portraits réalisés dans le studio sont imprégnés des conventions de l’époque, et ceux réalisés à la demande, dans les villes ou villages des environs, convoquent les atmosphères propres aux demeures en brique des cités minières. Kasimir Zgorecki n’était pas un photographe documentaire. Près d’un siècle plus tard, il l’est pourtant devenu. Ces portraits d’enfants, de femmes, d’hommes évoquent une époque, des situations sociales et des instants de vie. Des coutumes se racontent également au travers de ces portraits d’enfants morts en bas âge, mis en scène. Placés en amont de l’exposition, les reportages de Joseph Quentin (1857-1946) et d’Ernest Mésière (1862-1935) sur les cités minières et l’exploitation du charbon contextualisent de leur côté, on ne peut mieux, l’installation de Kasimir Zgorecki dans la région, les textes du catalogue retraçant plus précisément l’histoire des communautés polonaises et la politique française à leur endroit.