Remonter dans le temps au fur et à mesure que l’on descend sous terre. C’est la piquante proposition du Musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon.
L’exposition « Le passé des passages », la première consacrée à l’archéologie depuis la réouverture en 2018 du musée rénové, présente quelque 200 objets exhumés lors des fouilles préventives menées entre 2010 et 2011 sur 4 000 m2 dans le cœur historique de la ville, à l’occasion de la construction d’un centre commercial. Son originalité : raconter l’histoire continue d’un quartier commerçant depuis l’Antiquité, tout en expliquant le modus operandi d’une fouille. La visite commence ainsi par des vestiges du XXe siècle, les premiers retrouvés par les archéologues, juste sous la surface du sol, témoignant des activités commerciales et industrielles de ce quartier densément peuplé. Au fur et à mesure qu’il avance dans le parcours, le visiteur recule dans les siècles en découvrant des objets exhumés dans des couches archéologiques chaque fois plus profondes. Ils témoignent de l’industrialisation de la ville, de la construction de grands hôtels particuliers au XVIIIe siècle, de la succession des ateliers d’artisans et de commerçants au fil des siècles – orfèvres, fabricants de boucles de ceinture, aubergistes, pharmaciens… Point de chef-d’œuvre, mais des artefacts parfois d’une grande délicatesse, comme un harnachement ou un étui à bésicles du XVIe siècle ou un canif antique en ivoire et argent, pliable, finement sculpté à l’effigie d’un gladiateur, présentés, expliqués et mis en contexte avec simplicité et pédagogie.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°738 du 1 novembre 2020, avec le titre suivant : Voyage au centre de la terre bisontine
