Musée

Metz (57)

Voyage au bout de la nuit

Centre Pompidou Metz - Jusqu’au 15 avril 2019

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 21 novembre 2018 - 332 mots

METZ

Voici une exposition où l’on chemine avec bonheur de surprise en surprise ! C’est vrai que le thème est passionnant : la nuit, quand on ne voit rien, ou pas grand-chose, ou tout différemment, vu par les peintres.

L’exposition est d’autant plus vivante qu’elle n’est pas rigidement didactique. Jean-Marie Gallais, le commissaire, dont c’est la première exposition au Centre Pompidou Metz, n’a pas voulu construire un parcours encyclopédique avec l’ambition de présenter tous les liens qui ont pu exister entre peinture et nuit. Il propose un regard personnel sur l’univers de la nuit vu par les artistes : « J’emmène le spectateur avec moi dans une déambulation nocturne. Le fil conducteur, c’est la notion de perception. Cette nuit, comme le peintre, je la vois, je l’écoute, je la sens et la ressens. Il n’y a donc pas d’allégorie ou de métaphore. C’est avant tout mon corps face à la nuit. » Résultat : on peut voir ou revoir nombre d’œuvres d’artistes très connus tels Claude Monet, Pablo Picasso, Francis Bacon, Gerhard Richter ou Peter Doig, avec parfois de belles surprises comme cette incroyable petite xylographie d’Edvard Munch, Rencontre dans l’espace, de 1889. L’autre grand bonheur, plus rare, est de se trouver face à des œuvres, souvent remarquables, d’artistes oubliés ou trop mal connus. Les enseignes lumineuses des cabarets et hôtels irradient l’espace nocturne et strient de puissantes couleurs les nuits parisiennes, peintes avec une radicale simplicité par Auguste Chabaud (1882-1955), dont on découvre sept toiles toutes datées d’avant la Première Guerre mondiale. La nuit urbaine peut apparaître habitée d’inquiétantes présences, comme sur cette saisissante peinture, Scène de rue nocturne (1923) de Georg Scholz (1890-1945), un peintre réaliste allemand proche de la Nouvelle Objectivité. La relation aux étoiles et au cosmos n’est pas oubliée. Un surprenant tondo : Ciel étoilé (Voie lactée) peint en 1917 par Augusto Giacometti (1877-1947), un cousin de Giovanni, le père d’Alberto, scintille d’inchiffrables éclats lumineux. Un catalogue comportant un captivant essai inédit du philosophe Michaël Fœssel, Inévidences nocturnes, accompagne l’exposition.

« Peindre la nuit »,
Centre Pompidou Metz, 1, parvis des Droits-de-l’Homme, Metz (57), www .mobile.centrepompidou-metz.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°718 du 1 décembre 2018, avec le titre suivant : Voyage au bout de la nuit

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