Vous avez dit folklore ?

Certes, le mot « folklore » sonne parfois faux à l’oreille avertie – comme s’il était un brin suranné et passéiste. Pourtant, ce « savoir du peuple », transmis de génération en génération, irrigue la création artistique des avant-gardes à nos jours. Il fascine, interpelle ou agace. Afin de faire voler en éclat l’académisme rigide, Paul Gauguin, Paul Sérusier et les nabis partirent en quête de mysticisme en Bretagne. D’autres, à l’instar de Natalia Gontcharova, puisèrent dans les motifs folkloriques une profusion de formes, de codes, de symboles. Quant à Joseph Beuys, il y voyait un outil pour comprendre le futur, alors que, aujourd’hui, un certain nombre d’artistes fustigent les stéréotypes artificiels et falsifiés d’un terroir idéalisé. Le mot même de « folklore » autorise cette diversité : tantôt ethnographique, tantôt politique et lié à l’identité nationale, il semble indéfinissable, et ne cesse d’évoluer au fil du temps. L’exposition et son passionnant catalogue tentent de le cerner au plus près, en retraçant l’histoire de la rencontre de l’histoire de l’art avec ces expressions populaires.