Vous avez dit bizarre ?

C’est d’ailleurs à l’œil, à la vue, ce sens qui parmi les cinq sens semble avoir la prééminence, qu’elle est consacrée. Pas question de raisonner ou de théoriser. Le but de la commissaire – une mystérieuse Lucienne Forest – est sans doute de décaper notre regard sur l’art. Sans doute y parvient-elle tant son parcours est déroutant. On y découvre des œuvres de toute sorte, qui ont en commun de provenir des collections des musées de la Ville de Paris : on croise Rembrandt aux cheveux hérissés nous fixant avec intensité, on partage l’émotion de Victor Hugo devant des paysages qu’il a représentés en miniature, on s’effraie d’une Méduse d’Antoine Bourdelle ou de Stéphane Pencréac’h et, en contemplant les silhouettes de Djamel Tatah, on se demande si ce n’est pas soi-même que l’on toise. Pis. On circule au milieu de miroirs où l’on croise son propre regard, on est invité à accoler notre œil contre un trou dans un mur pour découvrir une Baigneuse… Quelle mouche a donc piqué Lucienne Forest ? Sans doute faut-il qu’elle soit bien extérieure au monde de l’art pour une exposition si fraîche, surprenante et susceptible d’amuser les enfants ! Et pour cause. Lucienne Forest est le nom que s’est donné un collectif d’une quinzaine de personnes (soignants et patients psychiatriques), né d’une collaboration de Paris Musée, du Groupe hospitalier universitaire Paris psychiatrie & neurosciences et du Groupe d’entraide mutuelle Le Passage.