Il est une belle raison de se rendre au Palais Lumière à Évian avant le 1er juin 2014 : dans l’ultime salle de l’exposition présentant les collections du baron Joseph Vitta (1860-1942), on découvre un fragment du rouleau Voyage d’inspection de l’empereur Quianlong dans le sud de la Chine, peint à l’encre et couleurs sur soie, de Xu Yang (XVIIIe siècle).
Les vaguelettes du fleuve Jaune, admirables de finesse et de rythmes singulièrement réguliers, portent moult navires vers lesquels se dirigent pour embarquer les dignitaires de la cour impériale. L’idée de ligne claire chère à Hergé apparaît déjà dans la découpe vive et incisive des innombrables personnages arpentant cette « bande dessinée », pardon !, ce rare et remarquable rouleau de soie peint conservé au Musée de Nice et montré ici pour la première fois. Là n’est, bien sûr, pas l’unique pépite révélée dans cette exposition qui ne donne cependant à voir qu’une infime partie de la collection réunie par le baron Vitta entre 1892 et 1907. La variété de ses relations sociales et sa liberté de goût, rendus possible par son immense fortune, lui permirent d’accumuler un nombre considérable de peintures, de sculptures, de dessins, mais aussi des œuvres et objets décoratifs d’une grande diversité.
Une large place est consacrée dans l’exposition à la villa La Sapinière, à Évian, réalisée par l’architecte Formigé. La décoration intérieure fut confiée à Braquemont, responsable de la coordination, ainsi qu’à Chéret, Besnard, Charpentier et Rodin, dont Joseph Vitta était très proche. Une autre passion de ce collectionneur éclectique était Delacroix dont il acquit de nombreux dessins, aquarelles et peintures dont La Bataille de Taillebourg (aujourd’hui à la galerie des Batailles du château de Versailles) et La Mort de Sardanapale (Louvre). On découvre dans l’exposition neuf œuvres sur papier de Delacroix, parmi lesquelles une superbe feuille d’études de nus et Nombreux Personnages autour d’une table et un cavalier, qui appartinrent à cet homme aujourd’hui quelque peu oublié. Généreux, il offrit en 1934 un ensemble d’œuvres de Delacroix qui constituèrent le noyau initial de la collection du Musée Eugène Delacroix, place Fürstenberg à Paris.
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À Vitta aeternam
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Abonnez-vous dès 1 €Palais Lumière, quai Albert-Besson, Évian (74)
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : À Vitta aeternam