Visite du septième continent

Réparti en trois lieux (Pera Museum, Büyükada et le Museum of Painting and Sculpture), l’événement, dont le commissariat a été confié au Français Nicolas Bourriaud, explore l’idée d’un septième continent, celui d’une île formée de déchets plastiques au large du Pacifique, dont la superficie serait égale à cinq fois la Turquie. Ce nouveau continent est également un espace mental, celui de la conscience collective. La manifestation d’art contemporain stambouliote nous fait réfléchir autant qu’elle nous alerte, voire nous effraie, avec des œuvres aussi engagées qu’esthétiques, dans un ensemble franchement qualitatif. Le visiteur y découvre une cinquantaine d’artistes internationaux, établis (Mika Rottenberg, Glenn Ligon et Simon Fujiwara) au côté de plus émergents (Marguerite Humeau ou Eloise Hawser). L’axe pivot est l’anthropocène, soit l’incidence de l’homme sur l’écosystème terrestre. Certaines œuvres dénoncent, à l’instar de la vidéo Monochrome d’Ozan Atalan, où l’on découvre que les buffles d’eau ont disparu à Istanbul à cause de la construction du nouvel aéroport, le plus grand du monde, inauguré en 2018. D’autres offrent des pistes de réflexion, comme la performance de Turiya Magadlela. L’artiste y rassemble des chutes de collants aux teintes différentes, évoquant aussi bien le travail forcé que le féminisme dans la société contemporaine.