Une exposition au palais des Doges et l’ouverture au public d’un site archéologique aux abords de l’église San Lorenzo rendent compte des fouilles menées ces dernières années à Venise et dans la lagune. Les premières implantations de l’homme dans la région et les diverses techniques de construction utilisées au cours des siècles sont désormais mieux connues.
VENISE - Quelques-uns des monuments les plus anciens du centre historique de Venise et des îles environnantes ont fait l’objet de fouilles systématiques, ces dernières années. Les recherches ont essentiellement porté sur leurs fondations, dont les spécialistes entendaient vérifier l’état et reconstituer l’histoire afin de dater les plus anciennes interventions et préciser l’évolution des matériaux et des techniques de construction. Grâce à une loi adoptée en 1973, la surintendance aux biens de l’Environnement et de l’Architecture peut inviter des archéologues, assistés le cas échéant par des géologues ou des naturalistes, à participer à ces travaux aux côtés des historiens de l’art et des architectes.
Lancée en 1988, la campagne de fouilles de l’église San Lorenzo est l’une des plus importantes. L’édifice actuel remonte à la fin du XVIe siècle, mais il a été construit sur les vestiges de bâtiments ecclésiastiques datant des IXe et XIIe siècles. La construction de l’église présente des points communs avec ce que l’on sait de celles de la basilique San Marco et de l’église San Zaccaria. Il a ainsi été constaté qu’au IXe siècle, les fondations en grès étaient établies sur des plateaux en bois posés sur des pilotis en chêne. Étant donné l’intérêt de ces découvertes, un parcours de visite sera aménagé aux abords de l’église San Lorenzo.
Sous le crépi, les fresques
D’autres fouilles effectuées dans l’île San Francesco del Deserto, devant l’île de Torcello, ont également permis d’obtenir des indications précises sur les premiers habitants établis dans la lagune. Des monnaies d’argent datant des empereurs Valens, Valentinien Ier et Théodose (IVe siècle) y ont été retrouvées, et des céramiques ont mis en évidence l’existence d’échanges commerciaux tout le long du littoral adriatique, des Pouilles au nord de Trieste, comme l’attestent des amphores palestiniennes et africaines retrouvées sur cette côte. Les fouilles de l’église et du couvent franciscain du XIIIe siècle ont permis pour leur part d’étudier le développement du milieu lagunaire et de reconstituer l’alternance des phases des marées montantes et descendantes.
Les travaux de restauration conduits par la surintendance ont également fourni des résultats intéressants dans le domaine de l’histoire de l’art. Grâce à diverses sources historiques et littéraires, des décors anciens ont pu être retrouvés sous le crépi du décor du Palazzo Grimani, qui abritait jadis la collection de sculptures gréco-romaines du cardinal Giovanni, noyau de l’actuel Musée archéologique. Des fresques de Federico Zuccari, Francesco Salviati, Giovanni da Udine, Battista Franco et Camillo Mantovano ont ainsi été découvertes au premier étage.
RETROUVER EN RESTAURANT, jusqu’au 31 mars, salon du Piovego, palais des Doges, Venise.
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Venise en sous-sol
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Venise en sous-sol