Art contemporain

Landerneau (29)

Veličko… vite !

Fonds Hélène &Édouard Leclerc pour la culture - Jusqu’au 26 avril 2020

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 22 janvier 2020 - 328 mots

Depuis ses expositions hexagonales aux Abattoirs de Toulouse en 2011 et au Musée de l’hospice Saint-Roch à Issoudun en 2015, aucune rétrospective importante n’avait été consacrée à Vladimir Veličković (1935-2019), peintre à la renommée internationale.

Élaborée avec le commissaire Jean-Luc Chalumeau de son vivant – l’artiste est subitement décédé l’été dernier –, la manifestation de Landerneau, devenue hélas expo-hommage, réunit au Fonds Hélène &Édouard Leclerc une centaine d’œuvres (peintures, dessins, cartons), allant des années 1960 jusqu’à son ultime tableau de 2019, retraçant le parcours sans faute d’un artiste obsédé par la douleur, la violence de l’humanité et la mort. Marqué par les crimes de la Seconde Guerre mondiale, ce Serbe déraciné présente, dès le tout début des années soixante, une figuration narrative singulière dévoilant, dans de grandes plages vides grises ou ocre, des terres calcinées, des horizons bouchés, des animaux (le plus souvent des rats et des chiens) ainsi que des hommes nus voués à d’épuisantes courses sans issue. C’est peu dire que la scénographie impeccable d’Éric Morin, offrant une grande profondeur de champ afin d’appréhender des toiles souvent de grand format, et la fluidité du circuit, de la jeunesse du peintre à ses dernières années via le centre névralgique de l’œuvre (son dialogue avec la Crucifixion du retable d’Issenheim de Grünewald), servent sur un plateau une odyssée plastique témoignant magistralement de la condition humaine. Précision : quand on constate la puissance de feu de cette peinture existentielle ainsi que la grande rigueur de ce créateur n’ayant jamais cédé aux sirènes commerciales, on s’étonne que des institutions parisiennes, tels le Centre Pompidou et le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, n’aient pas consacré au peintre une rétrospective de son vivant et ne semblent même pas, suite à sa disparition, vouloir rattraper ce retard. Fort heureusement, la Bretagne est là ! Indépendamment du fait que Veličković soit un grand artiste, courez voir cette exposition, car elle est en tous points (séquençage thématique, mise en espace, pédagogie) exceptionnelle.

« Veličković »,
Fonds Hélène &Édouard Leclerc pour la culture, 71, rue de la Fontaine-Blanche, rue des Capucins, Landerneau (29),www.fonds-culturel-leclerc.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°731 du 1 février 2020, avec le titre suivant : Veličko… vite !

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