Vallombreuse des racines et des hommes

Partageant les vues d’Edgar Morin et de Pierre Rabhi, il pense l’humanité comme une écologie, dont il faut défendre l’équilibre et la diversité. « Nous sommes des espèces vivantes », explique-t-il, se battant pour que le sens de l’Histoire ne reste pas « figé » et que l’on prenne conscience qu’un « sauvetage » des cultures est possible.

Cette exposition dresse le portrait de onze peuples autochtones et présente le fruit de cinq années de résidence avec les Champs libres de Rennes. Onze espaces se déploient avec des photographies principalement panoramiques, en noir et blanc argentique – le photographe refuse « l’esclavage » du numérique, préfère prendre le temps de séjourner avec ces peuples en capturant des images non visibles immédiatement. Celles-ci témoignent de la complexité spécifique de chaque peuple – des Inuits du Groenland aux Basques de France, en passant par les Rabaris d’Inde – et le photographe n’adopte pas pour autant une attitude d’anthropologue, mais plutôt une position humaniste et philosophique. Il accorde une place de premier plan à la nature, avec de magnifiques paysages qui contrastent souvent avec la légende très détaillée qu’il prend soin de rédiger.
Le spectateur est sans cesse tiraillé entre le fort pouvoir esthétique des photos et la violence de leur propos : il réalise que la beauté du monde est en danger, que les Navajo des États-Unis vivent sur des terres radioactives, que le territoire de Jharia en Inde est le théâtre d’une immense catastrophe écologique, ou encore que les Hadzabe de Tanzanie s’offrent aux touristes dans des zoos humains. Et Pierre de Vallombreuse de conclure : « Eux c’est nous, nous c’est eux. Il n’y a qu’une humanité », dont l’héritage est absolument indispensable.