À première vue, les photographies de Valérie Jouve ne délivrent rien d’autre au regard que des images ordinaires empruntées au quotidien le plus banal d’une vie citadine : figures anonymes, vues de foules, jeux d’architecture... Ici, une jeune femme est accoudée à son balcon et plonge son regard en contrebas ; là, des passants se croisent sans même prêter attention les uns aux autres ; là encore, l’image est saturée par un gros plan sur un alignement de façades. À y regarder de plus près on mesure qu’aucune de ces images n’est innocente d’une question d’espace, préoccupation récurrente qui caractérise la démarche de l’artiste. De fait, l’art de Valérie Jouve n’a de cesse de jouer aussi bien des subtiles relations que les sujets photographiés entretiennent entre eux – sinon avec eux-mêmes – et avec leur environnement, que de celles qui sont instruites par les intrications de l’architecture. Quoiqu’elles affirment une distance, voire une certaine neutralité par rapport à leur sujet ou leur motif, les photographies de Jouve n’ont rien à voir avec une esthétique familière de la « nouvelle objectivité ». Bien au contraire, ce qui les fonde repose sur une réflexion de l’espace appréhendé à partir de l’expérience qu’en fait l’homme dans ses relations, tant individuelles que collectives, et dans ses applications, tant sensibles que construites. Rien n’intéresse plus l’artiste que de mettre en jeu dans son travail toutes sortes de situations qui sont à même de créer de l’espace et de chercher à qualifier plastiquement celui-ci par une image. Elle reconnaît que ce qui la préoccupe de plus en plus c’est la façon de mettre en scène ses propres images. Le concept de « montage », pour ce qu’il suppose de traitement de l’espace en quête d’un raccourci du sens, se trouve ainsi occuper une place de premier choix dans son travail. À éprouver sur place, donc.
GENÈVE, galerie Charlotte Moser, 12 mai-17 juin.
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Valérie Jouve, question d’espace
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°516 du 1 mai 2000, avec le titre suivant : Valérie Jouve, question d’espace