Une vallée à l’école de la nature

Le vrai maître est la nature, une nature âpre, minérale, « superbe et d’une sauvagerie terrible », note Monet, qui exécute en trois mois vingt-quatre toiles, premier ensemble ouvrant les autres séries à venir. Des ciels à la manière hollandaise, une rivière capricieuse, une végétation aux tons changeants, la vallée de la Creuse est si pittoresque que sur un siècle, sous l’élan de George Sand et grâce au train qui en 1854 arrive de Paris, plus de quatre cents peintres viennent y planter leurs chevalets et être au plus près du motif. Les classiques autour de Théodore Rousseau, les pleinairistes comme Hareux, les impressionnistes à la suite d’Henri Rouart se mettent, en fonction de leurs manières d’appréhender le paysage, « à l’école de la couleur et de la lumière », selon les mots du critique Gustave Geffroy. Pour la première fois, ce sujet est traité avec une ampleur permettant de saisir la multiplicité des approches face à une source unique d’inspiration. Le parcours donne à certains artistes moins connus comme les Suédois Österlind père et fils, Alluaud Detroy, dont la palette renvoie aux fauves, un large espace qui permet de découvrir des œuvres très originales. Sans oublier cette étonnante huile de Picabia qui synthétise le site en quelques aplats vifs. Inoubliable !