Une déesse égyptienne dans le Piémont

-C. C’est aussi le titre de l’exposition célébrant les 300 ans de la fondation du Musée des antiquités à Turin. Étonnant ? Pas tant que cela. Au XVIe siècle, les ducs de Savoie, qui ont déplacé leur capitale de Chambéry à Turin, s’émerveillent de la découverte du socle d’une statue portant le nom de la déesse égyptienne. Les Égyptiens, dont les dieux sont honorés dans le Piémont, seraient-ils des ancêtres des Piémontais ? C’est ce qu’affirme dès lors la maison de Savoie, soucieuse de légitimer sa dynastie et de lui donner de lointaines origines historiques et mythologiques. Au sein du Musée des antiquités, lié à l’Université royale, qu’ils fondent en 1724, les ducs de Savoie entendent ainsi présenter une collection d’objets archéologiques romains, grecs, piémontais, mais aussi orientaux et égyptiens, liés notamment au culte d’Isis. Pour son tricentenaire, le musée, qui fait partie des Musées royaux de Turin, revient dans un parcours élégant sur le culte de la déesse dans le Piémont ainsi que sur les recherches archéologiques sur le site de l’antique cité Industrie. Évoqué par Pline l’Ancien et identifié au XVIIIe siècle, il atteste l’existence d’un culte d’Isis en Italie et enrichit le Musée des antiquités par les objets exhumés à l’occasion des fouilles – parmi lesquels un délicat trépied de bronze du IIe siècle aux pieds léonins, orné de sphynx, de victoires ailées et de figures de Dionysos.