Les croquis de mère Geneviève (1888-1962) sur sa vie au couvent sourdent la clôture.
Et pourtant c’est volontairement que Marcelle Gallois, son nom d’état-civil, rejoint les ordres en 1917 après une formation aux Beaux-Arts et une petite carrière de dessinatrice-caricaturiste. Mais est-ce le climat de l’époque – toutes les gouaches exposées datent de 1942-1949 ? Est-ce la déception de n’avoir été acceptée à prononcer ses vœux définitifs que 22 ans après son admission ? Toujours est-il qu’il émane de ces petites saynètes de la vie quotidienne conventuelle un sentiment oppressant.
Le trait épais, la couleur sombre, le décor dépouillé, les formes inquiétantes des robes des sœurs, les visages caricaturés trahissent un double enfermement. Et si les grands formats exposés puisent directement chez Maurice Denis, la série des gouaches révèle sous le dessin un expressionnisme qui confine par moments à l’art brut. Mère Geneviève ne cherche pas à faire œuvre documentaire, encore moins l’anecdote ou le pittoresque. Il s’agit de montrer en quoi l’austérité de cette vie de travail et de prière rapproche les sœurs de leur dieu. Un texte dans un cartouche vient quelquefois rappeler le message biblique.
Le site de Port-Royal dans la vallée de Chevreuse est évidemment l’endroit idéal pour accueillir cette petite exposition. La spiritualité janséniste qui baigne les lieux s’accorde précisément avec les sentiments de mère Geneviève.
« Mère Geneviève Gallois, vision du cloître au XXe siècle », Musée national de Port-Royal-des-Champs, Magny-les-Hameaux (78), www.port-royal-des-champs.eu, jusqu’au 7 juillet 2008.
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Une clôture moderne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°603 du 1 juin 2008, avec le titre suivant : Une clôture moderne