Un siècle d’immigration raconté à Nantes

À Nantes, les immigrés occupent le château ! Le temps d’une exposition que leur consacre le Musée d’histoire de la ville du moins. On y découvre des histoires d’étrangers venus s’installer à Nantes souvent par hasard et des objets leur ayant appartenu recueillis au moyen d’une collecte effectuée auprès de la population… Dans une scénographie où domine l’échafaudage, symbole de la condition précaire des migrants.
Au terme d’un parcours très richement documenté, la question des apports culturels de l’immigration laisse cependant le visiteur sur sa faim. Peut-être à cause du parti pris de cette exposition sans œuvres, alors même que l’art contemporain est si friand de ce sujet... L’accent est mis sur l’histoire et la sociologie de l’immigration, et le véritable hommage porte sur des anonymes, migrants inconnus qui ont façonné l’histoire et le paysage culturel de la ville par petites touches. Un très beau diaporama montre le paysage urbain tel que ces multiples histoires individuelles l’ont peu à peu façonné. 

Les artistes ont tout de même voix au chapitre en marge de l’exposition, notamment dans les douves, entièrement investies par une installation. En lien avec les associations de jardins familiaux et l’École des beaux-arts, le paysage a été recomposé dans une tentative un peu complexe de croiser pratique artistique, questions migratoire et écologique. Le résultat provoque un chahut esthétique de ce paysage pour carte postale. Ce projet, réalisé avec les associations et les jardiniers, permet de faire venir au musée un public souvent éloigné des lieux culturels et du centre-ville. Les Nantais, immigrés ou non, les populations à l’écart du château  et de la culture, ont tout à gagner à s’approprier un lieu si emblématique du patrimoine local, et à se familiariser avec un des quartiers historiques de la ville. Et pour les habitués des musées, l’histoire et les cultures des étrangers venus s’installer en France sont souvent méconnues.