Le Musée des beaux-arts de Lyon dresse le bilan de près d’un siècle d’acquisitions, en présentant les fleurons de sa collection d’art moderne
LYON - Symptomatique d’une époque où les folles dépenses ne sont plus de mise, la nouvelle exposition du Musée des beaux-arts de Lyon se concentre sur les fleurons de ses collections d’art moderne. Présenté sous forme didactique tant sur la forme (avec un rappel des différents types d’acquisitions que sont l’achat, le legs, le dépôt, le don et la dation) que sur le fond (le parcours se lit comme un ouvrage d’histoire de l’art), « Les modernes s’exposent » donne la parole au musée et à ses œuvres. Les cyniques y verront une exposition « sans risque », mais est-il vraiment nécessaire de reprocher à un musée de valoriser ses collections, d’honorer sa mission pédagogique, et ce à moindre frais ? Voici donc une opportunité de mettre en valeur les pièces qui font la fierté de l’établissement, mais aussi de sortir quelques bijoux plus discrets (les trois lithographies de Malevitch issues du legs Coissarde) ou rarement associés à ce genre d’hommage aux modernes (Paysage corse d’Émilie Charmy). Les salles thématiques se posent ici en repères d’une histoire de l’art organique et réduite aux seuls tableaux du musée, une manière comme une autre d’aller à l’encontre de toute interprétation linéaire de la création artistique en France. Plus le parcours avance dans le temps et plus l’accrochage recourt à des prêts obtenus auprès de galeries ou de collections privées pour étoffer le propos. Un procédé qui fonctionne à merveille dans le cas de la série de dessins à l’encre prêtée par la Fondation Hartung, illustrant l’évolution du motif jusqu’au tableau T. 1955-33 entré dans les collections grâce au legs Delubac.
Cadeau providentiel
Au fil de l’accrochage chronologique transparaît malgré tout l’extrême dépendance de l’institution : entre les nombreux dons d’artistes, les dépôts du Musée Picasso, du Fonds national d’art contemporain ou du Musée national d’art moderne, et l’important legs souhaité par l’actrice Jacqueline Delubac (décédée brutalement en 1997), rares sont les achats effectifs du musée. Les acquisitions récentes révèlent quant à elles la complexité des montages financiers élaborés par les différentes autorités, locale, départementale, régionale et nationale. À moins d’être élues par des collectionneurs, des associations ou des entreprises à la générosité et au goût certains, les institutions publiques n’ont, faut-il le rappeler, plus les moyens d’acquérir d’autres œuvres majeures de cette période qu’elles sont censées préserver pour les générations futures. Ce sentiment de malaise est d’autant plus prégnant devant la succession de chefs-d’œuvre issus du legs Delubac : Nu aux bas rouges et Femme assise sur la plage de Picasso, Fleurs sur une cheminée aux Clayes de Vuillard, Fleurs sur un tapis rouge de Bonnard, Les Deux Femmes au bouquet de Léger, Le Pierrot et La Sainte-Face de Rouault… Où en serait la collection d’art moderne du musée sans ce cadeau providentiel ?
Parallèlement aux « Modernes s’exposent », le musée maintient le cap local et présente « Autour du bois gravé lyonnais ». Une sélection provenant du fonds d’art graphique retrace le regain d’intérêt pour cette technique au début du XXe siècle à Lyon, avec des groupes comme les Ziniars et les expositions organisées par l’association Le bois gravé lyonnais (pendant les années 1930). Dans une autre salle, « Œuvres choisies » propose de découvrir quelques pièces contemporaines de la collection de la Société Générale – prêteuse de plusieurs œuvres des « Modernes s’exposent ». Kader Attia, Valérie Belin, ou encore Valérie Jouve se retrouvent dans une sélection de photographies « prétextes à interroger la perception de notre environnement urbain contemporain ».
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Un siècle d’histoire(s)
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Abonnez-vous dès 1 €Commissariat : Sylvie Ramond, directrice du Musée des beaux-arts de Lyon, assistée de Laurence Berthon, attachée de conservation au musée
Œuvres : 175 huiles sur toile, œuvres sur papier et sculptures réparties en 25 chapitres
PICASSO, MATISSE, DUBUFFET, BACON… LES MODERNES S’EXPOSENT, jusqu’au 15 février 2010, Musée des beaux-arts de Lyon, 17, place des Terreaux, 69001 Lyon, tél. 04 72 10 17 40, www.mba-lyon.fr, tlj sauf mardi et jours fériés 10h-18h, vendredi 10h30-18h
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°315 du 11 décembre 2009, avec le titre suivant : Un siècle d’histoire(s)