Un portrait de Montréal créatif, mais sans critique

Étonnamment optimistes et bienveillantes en regard des problèmes structurels de la ville, les propositions, qu’elles émanent de touristes, de collectifs d’urbanistes ou d’artistes plasticiens, composent une identité toutefois passionnante. Mais ce visage est peut-être insuffisamment critique : il faudra trouver les défauts de Montréal et les points délicats dans ce qui n’apparaît pas dans l’exposition. Tout un paradoxe, à la mesure de cette ville multiculturelle, mais profondément bipolaire, créative, mais frileuse sur le plan urbanistique. Alors que le contenu a changé à 90% fin janvier, il faudra s’attendre à une rotation encore conséquente à la fin du mois de février !

Cet appétit féroce traduit parfaitement la complexité de traduire une ville en mots, en images, de représenter autant que d’imaginer ce que Montréal est et pourrait être. L’institution-phare en matière de recherche et de conservation de l’architecture dans le monde s’est bien gardée de jouer les donneuses de leçon, mais l’on sent aisément qu’elle aurait les moyens intellectuels de bousculer l’attentisme municipal. Dans cette agglomération perpétuellement en travaux, « ABC » pointe un grand chantier urgent : celui de faire avancer la vision de Montréal vers le futur. L’exercice montréalais est une aventure d’autant plus stimulante, même si elle reste perfectible, que ce genre d’exercice serait parfaitement impossible dans une cité aussi figée par ses monuments que Paris.