Entre la parution d’une dizaine de photographies en noir et blanc dans la revue Le Minotaure en 1933 et celle du livre Graffiti en 1961, Brassaï aura méthodiquement photographié plus de cinq cent cinquante dessins, signes et gribouillages tracés sur les murs par des mains anonymes.
Collecte compulsive et obstinée ? Travail ethnographique ? Manifeste en faveur de la créativité populaire ? La série au long cours, dont le Centre Georges Pompidou possède un fonds important, est tout cela à la fois. C’est d’ailleurs l’objet de l’exposition que lui consacre la galerie de photographies que d’en signaler les différents niveaux de lecture : « Graffiti est un projet multidimensionnel, confirme Karolina Lewandowska, commissaire de l’exposition. Il est à la fois de nature esthétique, sociologique, historique, politique. »
La durée exceptionnellement longue d’élaboration de la série en explique largement la polysémie : en vingt-cinq ans, les graffitis de Brassaï auront été successivement contemporains du surréalisme, de l’Art brut, de la naissance de la sociologie du quotidien et de la reconnaissance institutionnelle du médium photographique – celle-ci se fait jour au moment où le photographe expose au MoMA, en 1956. D’où le choix de mettre une cinquantaine de tirages d’époque en regard d’autant d’œuvres de Picasso, de Prévert ou de Dubuffet. « Tous ces créateurs ont été en contact direct avec Brassaï, précise Karolina Lewandowska. Mais les raisons pour lesquelles ils se sont intéressés à Graffiti ne sont pas les mêmes. » Évidemment, cette façon de replacer la série photographique dans son contexte de réception fait toute la richesse de l’exposition : non seulement elle permet de découvrir des tirages méconnus, mais elle offre un éclairage nouveau sur un travail « culte » dont on croyait tout connaître.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Un nouveau « Graffiti » de Brassaï
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Centre Georges Pompidou, place Georges-Pompidou, Paris-4e, www.centrepompidou.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°695 du 1 novembre 2016, avec le titre suivant : Un nouveau « Graffiti » de Brassaï