Un faste insolent

La Collection Al Thani l’a parfaitement compris et reprend avec application les bonnes recettes de sa dernière exposition. Près d’un an après sa première collaboration avec le Victoria and Albert Museum, l’institution réitère son invitation au fameux établissement londonien. Après avoir exploré les richesses du Moyen Âge, la nouvelle manifestation prend le relais et embrasse en toute logique la création de la Renaissance. Les points forts de la précédente carte blanche sont au rendez-vous : sélection pointue des objets, scénographie de haute volée et éclairage caressant. Les ingrédients sont presque les mêmes à une exception près, qui fait le sel de ce nouveau rendez-vous. Au lieu d’offrir une scène ouverte au V&A pour déployer un florilège de ses trésors, la Collection Al Thani a opté pour un dialogue entre le fonds invité et ses propres œuvres. Et le résultat tient toutes ses promesses car on est absolument ébloui par le faste insolent des merveilles rassemblées ici avec un goût exquis. Jugez un peu : Cranach, de Vinci, Clouet, Donatello, bref ! la crème de la crème des XVe et XVIe siècles rivalise en sophistication confirmant que l’Hôtel de la Marine abrite décidément la plus belle boîte à bijoux de Paris. Sans même parler de ces orfèvres et artisans anonymes qui ont légué à la postérité des chefs-d’œuvre impressionnants de maîtrise et de finesse. Petits par la taille, mais immenses par leur virtuosité et la préciosité de leurs matériaux, les 130 peintures, sculptures, objets d’art, exotica, verres, textiles, ou encore manuscrits subjuguent en effet par leur beauté à couper le souffle. Opportunément, l’accrochage évoque celui des cabinets de curiosités qui faisaient florès à l’époque. L’ambiance de semi-pénombre qui nimbe les salles favorise la concentration et la rencontre privilégiée avec ces sommets de l’art et de la technique. Amoureux des belles choses vous l’aurez compris : courez-y !