Un art concrètement belge

Cette exposition, qui présente pour la première fois en France un large panorama de l’abstraction géométrique belge, a le mérite de remettre en question une vision quelque peu réductrice de ce mouvement historique. Une relation au corps, comme une présence sensorielle subtilement perceptible, se dévoile dans les neuf salles du château consacrées à une période allant des années 1920 jusqu’à l’après-guerre. Composition n° 10 (1924) de Karel Maes (1890-1974), pionnier de la peinture abstraite belge, arbore une harmonie de tons sensuellement chauds associés à des teintes délicatement froides. Les couleurs ocre clair nuancées de blanc finement déposées sur une petite feuille de papier de Georges Vantongerloo (1886-1965), ou les torsions de rubans colorés de Walter Leblanc (1932-1986), sans aucune concession à l’équilibre et à la pureté des formes, apparaissent d’une discrète sensualité. Ce sentiment se trouve confirmé dans les quatre salles accueillant les travaux d’artistes contemporains belges en quête aujourd’hui encore d’un art rigoureux, souvent minimaliste, mais pas nécessairement froid et sévère. Clairement, concernant la peinture géométrique abstraite, la Belgique est bien un pays culturellement éloigné de toute rigueur calviniste.