Sculpture

Un aperçu des ovnis de Bruno Gironcoli

Par Itzhak Goldberg · Le Journal des Arts

Le 27 février 2019 - 322 mots

FRANCFORT / ALLEMAGNE

La Schirn Kunsthalle de Francfort accueille une bien maigre sélection des œuvres étonnantes du sculpteur autrichien peu connu en France.

Francfort. Malgré son nom à consonance italienne, Bruno Gironcoli (1936-2010) est un artiste autrichien. De grande renommée dans son pays (même un musée lui est consacré), il reste très peu connu ailleurs. On ne pouvait donc que se réjouir de l’initiative de la Schirn Kunsthalle, qui présente cette production plastique étonnante. Les sculptures exposées à Francfort font partie de celles que Gironcoli a réalisées à partir de 1977 et qu’il a nommées « Prototypes ». Titre pertinent, tant ces travaux sont comme des objets extraterrestres, jamais vus auparavant. Toutefois, à la différence des objets spécifiques inventés par les minimalistes, les œuvres ici appartiennent plutôt à un univers baroque – on est en Autriche –, recyclé par les surréalistes. Des assemblages ? Au moins en apparence, car on y trouve des « objets » divers (épis de blé, grappes de raisin, larves, bébés…) associés à des formes abstraites, le plus souvent curvilignes.

Même si avant de faire appel au plastique et au polyester, Gironcoli a utilisé des matériaux divers comme le bois ou le bronze, le tout est peint en couleur, argent ou bronze doré, pour donner l’illusion de pièces fondues. Fastueux, voire ostentatoires, ces ensembles de taille monumentale, magnifiques et monstrueux à la fois, sont comme les autels d’une religion secrète. Ou alors on a affaire à des systèmes mécaniques ou organiques, une reprise singulière des célèbres machines célibataires.

Peu de pièces

Hélas, l’exposition est frustrante, voire décevante. Les œuvres, toutes réunies dans une salle unique, sont peu nombreuses – six en tout. Les organisateurs justifient ce choix, réduit uniquement à la dernière période de Gironcoli, par le poids important et l’extrême fragilité de ces pièces. Autrement dit, des contraintes budgétaires, bien compréhensibles. Certes, mais présenter cette œuvre basée sur la profusion et la surabondance dans une version réduite est inévitablement une façon de la dénaturer.

Bruno Gironcoli, Prototypes,
jusqu’au 12 mai, Schirn Kunsthalle, Römerberg, Francfort (Allemagne).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°518 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Un aperçu des ovnis de Bruno Gironcoli

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