Avec quelque 130 aquarelles et gouaches, des carnets de croquis et deux huiles sur toile, la Tate Gallery retrace pour la première fois le voyage de Turner sur la Loire en 1826. L’exposition doit être présentée en mars au Musée du château de Blois, puis en juin à Nantes.
LONDRES. Déjà célèbre mais controversé et jugé quelque peu excentrique, Turner s’est rendu en France durant l’été 1826, passant par Dieppe, Cherbourg, le mont Saint-Michel et Brest, avant de gagner Nantes et de remonter la Loire, en bateau ou en voiture à chevaux, jusqu’à Orléans, comme en atteste une carte annotée. De ces deux semaines le long du fleuve, il a rapporté des dizaines d’aquarelles sur papier bleu aux couleurs légères et lumineuses, véritables témoignages historiques d’un grand voyageur qui a écumé l’Europe, de l’Allemagne à Venise. Des quais du port de Nantes au château de Blois, en passant par le pont de Beaugency, Turner déploie sa fine palette : ocres rosés des villes, monuments et châteaux, couleurs animées des scènes de rue, bleus aqueux et aériens des paysages fluviaux baignés d’un jaune solaire diaphane ou perdus dans la brume. Le peintre a remonté la Loire à bord de bateaux à vapeur mais aussi de gabares, ces larges barges à voile qu’il a abondamment peintes et étudiées dans ses carnets de voyage.C’est la première fois depuis 1829 que ces œuvres – dont beaucoup avaient été saluées avec enthousiasme par le critique John Ruskin – sont réunies et identifiées, après avoir été dispersées ou perdues de vue. Deux huiles sur toile, Les bords de Loire et Le port de Brest, ont même retrouvé leur véritable identité grâce aux études menées à l’occasion de l’exposition. Les bords de Loire – baptisée tour à tour Vue sur un lac ou Vue du Rhône – illustre la fascination qu’exerçaient sur Turner les ciels flamboyants de Claude Lorrain. Dans Le port de Brest transparaît davantage celui qu’on a souvent présenté comme l’inspirateur de l’Impressionnisme, voire de l’art abstrait. Six ans après le voyage de Turner, aquarelles et croquis ont servi de support à 21 gravures, parues en France et en Grande-Bretagne. “Une fois publié, cela a eu un grand succès”, affirme Ian Warrel, commissaire de l’exposition. Dès lors, comme le voyage en Italie, le voyage sur les bords de la Loire est devenu un “must” de la peinture du XIXe siècle.
TURNER SUR LA LOIRE, jusqu’au 15 février, Tate Gallery, Millbank, Londres, tél. 44 171 887 8000, tlj 10h-17h50.
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Turner et la Loire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : Turner et la Loire