Pas moins de sept expositions en province et à Paris pour célébrer, avec un peu d’avance, le treizième anniversaire des Fonds régionaux d’art contemporain (Frac). Bilan et perspective, pour des institutions fragiles.
Il y a deux façons de présenter l’activité des Frac : sous l’angle statistique, et les chiffres sont toujours impressionnants, ou sous l’angle de la politique culturelle, et le bilan est beaucoup plus nuancé.
Plus de dix mille œuvres acquises depuis 1982 auprès de quelque deux mille artistes contemporains français et étrangers, pour un budget global impossible à établir avec précision, d’autant que les parts consacrées aux acquisitions et au fonctionnement ne sont pas toujours distinctes. Mais si chaque Frac a développé son originalité, privilégiant tel ou tel aspect de la création d’aujourd’hui, la tendance la plus marquante de ces dernières années réside dans l’attention portée à la diffusion et à l’action pédagogique.
"Un outil d’aménagement du territoire"
Le premier reproche généralement adressé à ces institutions est en effet que leurs activités restent confidentielles. Les lieux spécifiquement dévolus aux collections régionales et bénéficiant d’installations acceptables (en particulier pour la conservation des œuvres) ne sont pas encore très nombreux. Le Frac Alsace, qui s’installe prochainement dans les 1 500 m2 d’un bâtiment neuf fait figure de pionnier. Situation d’autant plus étonnante qu’un récent rapport, commandé par le ministère de la Culture, souligne que "le Frac est un outil d’aménagement du territoire". La formule fleure le langage technocratique et montre assez à quel destin sont promises les œuvres acquises.
Si la création des Frac a constitué pour le marché un ballon d’oxygène et si de nombreux artistes y ont trouvé des moyens de subsistance, le projet volontariste de faire accéder le plus grand nombre à la création contemporaine est source de malentendus. Ce "patrimoine domanial" empiriquement constitué, et dont l’éclectisme est la seule caractéristique identifiable, risque en effet de garder ses tares originelles tant que, entre autres, les rapports avec les musées locaux ne sont pas tirés au clair.
Les expositions thématiques qui se déroulent cet automne soulèveront peut-être des questions précises, qui donneront à leur tour une nouvelle et durable raison d’être à ces collections. On jugera s’il est possible ou non de tenir, à partir de ces fonds, un discours artistique qui ne soit pas pétrifié par les bonnes intentions politiques.
Nul doute que, compte tenu du désarroi qui s’est emparé depuis quelques années des artistes et de leurs collectionneurs, les Frac ne soient condamnés à évoluer et à trouver des solutions qui ne procèdent pas seulement de la politique culturelle. Peut-être le colloque, qui réunira à Strasbourg les 23 et 24 novembre des fonctionnaires nationaux et territoriaux, envisagera-t-il sans nostalgie l’avenir de ces collections.
L’HOMME PHOTOGRAPHIÉ, Abbaye de Saint-André, Meymac (55 95 23 30), jusqu’au 23 octobre.
LE DOMAINE DU DIAPHANE, Domaine de Kerguéhennec, Bignan (97 60 44 44), jusqu’au 15 janvier.
PEINTURES FRANÇAISES, Centre d’art contemporain, Fréjus (94 40 73 30), du 7 octobre à fin janvier.
ARTISTES/ARCHITECTES, Nouveau Musée, Villeurbanne (78 03 47 00), du 7 octobre au 6 janvier.
"70 911 ", Centre de création contemporaine, Tours (47 66 50 00), du 13 octobre au 7 janvier.
LES ANNÉES 80-90, Musée d’art moderne, Villeneuve d’Ascq (20 05 42 46), du 14 octobre au 14 janvier.
L’EFFET CINÉMA, Musée du Luxembourg, Paris (40 15 74 60), du 17 octobre au 17 décembre.
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Treize ans de collections d’art contemporain en région
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Treize ans de collections d’art contemporain en région