Fondée en 1750 par Louis XV, l’Académie royale de peinture, sculpture et architecture de Toulouse a formé, jusqu’en 1791, un creuset artistique en province. Les œuvres des artistes du royaume ainsi que celles réunies par les collectionneurs étaient alors présentées au public toulousain lors d’une exposition annuelle. Le Musée Paul-Dupuy propose aujourd’hui de redécouvrir le rayonnement de la ville au siècle des Lumières, à travers ces salons.
TOULOUSE - Avec 6 697 œuvres exposées en quarante et un salons, l’Académie royale de Toulouse a participé de façon non négligeable au développement des arts au XVIIIe siècle. Le projet de création d’une académie de peinture et sculpture à Toulouse remonte à 1641, mais ce n’est qu’en 1726 qu’une école municipale de dessin voit le jour. Dirigée par le peintre Antoine Rivalz, elle devient vite “un rendez-vous assidu auquel les amateurs des beaux-arts ne purent et ne voulurent plus manquer et, comme les artistes les plus distingués s’y rendaient aussi, il se forma des uns des autres une assemblée dont les arts et les moyens de les perfectionner étaient l’objet et l’entretien”. Le successeur de Rivalz, Guillaume Cammas, obtient vingt ans plus tard du Conseil de la ville la fondation d’une Société des beaux-arts. Placée sous sa direction, l’école bénéficie alors d’une organisation rigoureuse et d’une popularité accrue par la remise publique des prix et l’exposition des œuvres lauréates. Accueillant gratuitement “tous ceux qui désirent apprendre à dessiner”, elle dispense des leçons de dessin, peinture, architecture et sculpture. Pour ce faire, la Société acquiert la collection de moulages antiques du sculpteur Philippe Parant, ainsi que de nombreuses gravures. Les sept prix décernés chaque année représentent une part importante de son activité. Parmi les lauréats, les noms de Gros, Labeyrie, Lagrenée, pour ce dernier, originaire de Paris, Pin, venu de Marseille ou Loys, de Montpellier, reflètent le dynamisme et la qualité de l’enseignement. Face à ce succès, l’Académie royale de Toulouse – seule à porter ce titre avec Paris – est fondée en 1750. Elle compte pour membres les peintres Jean-Baptiste Despax, Pierre Rivalz, Charles Natoire et Joseph-Marie Vien, les sculpteurs Marc Arcis, François Lucas et Jean-Baptiste Lemoyne. Le salon annuel accueille au Capitole les travaux des élèves ainsi que des œuvres appartenant aux collectionneurs de la ville. Ainsi sont exposés, en 1751, Cassandre traînée hors du temple de Minerve d’Antoine Rivalz, issu du cabinet de M. Castel, trésorier de France, et, en 1763, trois Académies de Bouchardon provenant du cabinet de l’académicien M. Lucas. Le public pouvait y admirer des portraits d’Hyacinthe Rigaud et Nicolas de Largillierre (de ce dernier Pierre-Joseph Chapelle, marquis de Jumilhac, salon de 1753), des vedute du vénitien Bellotti (Vue de San Marco, salon de 1765), mais aussi des sculptures de Houdon et de Jean-Baptiste Lemoyne II (Buste de Madame de la Popelinière, salon de 1776). Les artistes toulousains – André Lébré avec le Portrait d’Arnaud de Clauzade, capitoul en 1693 (salon de 1762), François Lucas et son Esquisse pour le bas-relief des Ponts-Jumeaux (salon de 1772) ou Guillaume Cammas et le Projet de 1738 pour la façade du Capitole (salon de 1777) – témoignent également de l’importance de la création artistique locale.
- LES COLLECTIONNEURS TOULOUSAINS AU XVIIIe SIECLE, jusqu’au 30 avril, Musée Paul-Dupuy, 13 rue de la Pleau, Toulouse, tél. 05 61 14 65 50, tlj sauf le mardi, 10H-17h, catalogue, éd. Somogy/Musée Paul-Dupuy, 252 p., 200 F.
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Toulouse et son Académie royale
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°125 du 13 avril 2001, avec le titre suivant : Toulouse et son Académie royale