Teresa Lanceta, artiste du textile

Céret (Pyrénées-Orientales). Entre tissage et peinture, la rétrospective de Teresa Lanceta (née en 1951 à Barcelone), présentée au Musée d’art moderne de Céret, met à l’honneur plus de quarante années de création à travers 70 œuvres, dont la moitié d’entre elles sont montrées pour la première fois.

Autodidacte, Teresa Lanceta, récompensée par le Prix national d’arts plastiques d’Espagne et exposée à l’Ivam (Valence) et au Macba (Barcelone) en 2023, vogue dans ses premiers tissages entre motifs figuratifs et abstraits, à l’instar de Pluie à Séville (1987), paysage abstrait composé de losanges et triangles. La géométrie devient progressivement son langage de prédilection, grâce auquel elle fige ses lieux de mémoire, comme le Maroc, qui se distingue dans l’exposition par la série intitulée « Bert Flint « (1997-1999), en hommage à l’anthropologue avec lequel elle a découvert l’art de la tapisserie marocaine. Parées de motifs en zigzag symboles de rivières, et arborant des couleurs chatoyantes, ses tapisseries sont accrochées dans l’espace, accompagnées d’une pièce artisanale berbère rapportée de son voyage. « Une manière de sortir de l’opposition entre art majeur et art mineur, en érigeant une pièce d’artisanat au rang d’œuvre d’art », explique Gwendoline Corthier-Hardoin, co-commissaire de l’exposition. Les références à la tradition espagnole sont aussi persistantes, à l’image de Verde (Flamenca) (2020) qui renvoie au flamenco, dont le rythme est traduit par l’ondulation des tissus découpés et assemblés une fois suspendus.

Un versant moins connu de l’œuvre, mêlant dessin, peinture et tissage sur toile, illustre les idées politiques de l’artiste. Ainsi, elle représente dans Cerca (1995) le visage d’un enfant assassiné pendant la guerre civile espagnole et, plus tard, elle adopte dans une toile tissée avec la technique du croisé et intitulée Febrero 2003, Irak un regard critique sur la guerre du Golfe.