La Galerie d’art moderne et contemporain de Turin consacre une exposition au critique d’art et théoricien français Michel Tapié, à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut l’animateur et le protagoniste décisif de l’avant-garde dans la cité italienne.
TURIN. À son arrivée à Turin en 1956, Michel Tapié est un homme connu et influent. II a déjà à son actif une exposition et un livre qui ont fait de lui le plus grand théoricien de l’Informel. Les Véhémences confrontées (galerie Dousset, Paris, 1951) étaient celles des Européens (Capogrossi, Hartung et Wols), mais aussi des premiers Américains (Pollock et de Kooning). Un art autre, titre du volume-manifeste publié en 1952, constitue la première contre-proposition à la tendance abstrait/concret qui était en vogue, dans les années quarante, chez les "Jeunes peintres de tradition française" et les adeptes de la géométrie. L’exposition-événement de 1959, au Cercle des artistes de Turin, a justement été consacrée à cet "art autre", devenu en italien Arte Nuova .
La Galleria Civica expose à nouveau les artistes qui firent alors l’événement. "L’Informel" européen, des Français Fautrier, Dubuffet, Soulages et Riopelle au couple italien Burri-Capogrossi, de Fontana à Tàpies, côtoyait l’Expressionnisme abstrait new-yorkais (Pollock, Franz Kline et de Kooning), les Lettristes et les Gutaï, découverts par Tapié lors de son voyage au Japon en 1957. La première section de l’exposition comprend également des œuvres de Spazzapan, Vedova, Joro, Accardi, Tobey, Mathieu et Michaux. Alors que le nomadisme culturel, l’horizontalité des parcours et l’interdisciplinarité étaient encore des concepts inédits, Tapié mettait en contact les influences orientales de son quasi-homonyme catalan Tàpies avec Yoshihara, Garelli avec Sluraga, Pinot Gallizio avec Domoto, tout comme la "métaphysique de la matière" qui donne son titre à une autre section de l’exposition. L’interdisciplinarité nourrit, par ailleurs, les collusions entre sciences, mathématiques et art, entre "structures de répétition" et "espaces intuitifs et hypergraphiques", sujets de deux autres sections dans lesquelles figurent Accardi, Fontana, Berrocai, Tanaka, Isobé et quelques Lettristes. Dans la ville du Baroque fou, mais calculé, Tapié accueillait aussi les esprits les plus excentriques (Gribaudo, Carena, Moreni, Martelli) et les plus logiques (Rambaudi, Parisot), pour réunir finalement dans un Baroque d’ensembles (1965) les artistes qui animent l’ultime partie de l’exposition, tels Serpan, Falkenstein, Ossorio, Teshigara, Lauquin et Arai.
UN ART AUTRE : L’INFORMEL DE MICHEL TAPIÉ, jusqu’au 1er juin. Galerie d’art moderne et contemporain, via Magenta 31, Turin. Tél. 39 11 562 99 11, tlj sauf lundi 9h30-19h.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Tapié, le messie
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Tapié, le messie