Sylvie Fleury

Baignés de lumière fuchsia, ils pourraient encore faire le lien entre ce que l’on connaît de Sylvie Fleury et la tournure prise par son vocabulaire. Des talons aiguilles au développement personnel, du sol au plafond, pour celle qui commença en 1991 par déposer, à l’entrée de la galerie qui l’exposait, ses Shopping Bags repus d’emplettes griffées. 
Le Mamco déroule l’une de ces rétrospectives géantes et jouissives  : quatre étages offerts à l’énergie claquante de l’artiste suisse et organisés en parcours ascensionnel. Côté terre – au 1er étage – des carcasses de grosses cylindrées fardées de rose fille ; côté ciel –    au 4e étage    – quelques golden escabeaux et environnements teintés New Age et relaxation. Entre les deux, la grimpette se fait fortifiante. Maxi-tube de rouge à lèvres, cage dorée… Sylvie Fleury nous tend l’irrésistible miroir d’une société absorbée par son narcissisme. Et n’oublie pas de s’en amuser. Au détour d’une cabine d’essayage, même la statue de la Liberté y a laissé sa robe, son diadème et sa vertu.
Reste qu’une fois associées malgré elles au contexte/décor de la crise, paillettes et vanités séquencent l’exposition en un double effet rétro. À celui de la rétrospective il faut désormais ajouter celui d’un art qui prendrait acte d’un système de valeurs sur le point de claquer la porte derrière nous. Et qui ferait curieusement basculer toutes ces affaires dans le camp vertueux de la critique. Ce qui ne manquerait pas de dégonfler l’enthousiasme de la dame, jusqu’ici nourri de cette ambivalence de chipie entre fascination tonique et distance un rien dissipée pour ses sujets.