Suspension / Stillness

Mais simplicité ne rime pas avec pauvreté, comme nous le démontre magnifiquement « Suspension/Stillness » en regroupant des artistes assez peu exposées en France qui, chacune à leur manière, « nous inclinent à la contemplation en créant un moment suspendu ». La scénographie dépouillée, ainsi que la signalétique réduite à son strict minimum, subliment les œuvres et nous invitent à en explorer les potentialités méditatives. La première salle met en regard des productions sculpturales de Lili Dujourie (belge, née en 1941) et Charlotte Posenenske (allemande, 1930-1985) réalisées à la fin des années 1960. Toutes deux revisitent l’art minimal, la première en lui insufflant une touche plus sensorielle, la seconde en refusant de se plier aux règles du marché de l’art. La salle suivante propose un savoureux face-à-face entre les toiles miniatures d’Etel Adnan (américano-libanaise, 1925-2021) et les grandes peintures de Suzan Frecon (américaine, née en 1941). Bien que leurs palettes divergent, les deux artistes partagent une attention particulière portée aux couleurs, traitées en aplats, ainsi qu’aux jeux de contrastes qui rythment leurs peintures. La dernière installation, ou « situation sculpturale », est la vidéo d’une photographie projetée sur toute la hauteur du mur du fond de la salle. Cette œuvre, réalisée par Trisha Donnelly (américaine, née en 1974), bouleverse nos perceptions en exigeant, à rebours de la rapidité suggérée par le numérique, un temps long d’observation pour saisir les subtiles ondes et vibrations.