Se souvenir du futur, ses représentations, ses trous, ses échecs, depuis le début des années 2000, nombre d’artistes se sont employés à faire sauter la linéarité de l’histoire.
Temps science-fictionnels, temps discontinus, temps inédits, Daniel Arsham, Cyprien Gaillard ou Chris Cornish, les neuf artistes exposés à Nîmes ont ceci de commun qu’ils trafiquent les temporalités, empruntant le plus souvent à des modèles du passé. À commencer par l’artiste slovène Tobias Putrih, dont les sculptures habitacles n’aiment de rien de moins que distordre la perception et jouer avec les espaces de projection cinématographique.
Au menu à Nîmes, un double effet discontinu, avec l’installation dans un cocon en carton articulé du cultissime film La Jetée (1962) de Chris Marker, possible manifeste du propos de l’exposition. Le film, exclusivement réalisé en images fixes, déroule une narration en utilisant des plans parfois identiques dans des temporalités différentes. Le tout sur fond de catastrophe nucléaire. Ne restera plus au héros qu’à tracer un couloir temporel et « appeler le passé et l’avenir au secours du présent ». La suite du parcours maintient la carte de la référence, de l’anticipation et de la collusion des temps : de l’architecte-ingénieur visionnaire Buckminster Fuller (1895-1983) – sur-représenté auprès des jeunes artistes – en passant par l’artiste américain Robert Smithson (1938-1973) – idem – ou les illustrations astronomiques de Camille Flammarion sollicitées par Laurent Grasso. Grasso qui, en expert averti des phénomènes, fait même léviter un rocher par psychokinésie dans la plus pure tradition rétrofuturiste.
« Projections », Carré d’art, 16, place de la Maison-Carrée, Nîmes (30), tél. 04 66 76 35 70, www.carreartmusee.nimes.fr, jusqu’au 3 janvier 2010.
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Sur tous les temps
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°619 du 1 décembre 2009, avec le titre suivant : Sur tous les temps