Pénultième exposition programmée par Nicolas Bourriaud avant son départ du Mo.Co, « Pourrir dans un monde libre » offre un écho puissant aux préoccupations du critique d’art, telles qu’elles apparaissent dans « Inclusions », son dernier opus.
La carte blanche donnée à Max Hooper Schneider à La Panacée manie des notions presque usées à force d’être dans l’air du temps : l’Anthropocène, le post-humain et la Terre sans l’homme, l’hybridation des formes et des matériaux, mais aussi la collaboration et la rencontre art/science, s’y manifestent dans une veine à la fois vénéneuse et pop, où jouxtent matières corrosives et radioactives, accessoires BDSM, fossiles et mascottes en plastique du Pillsbury Doughboy. Heureusement, la trajectoire singulière de l’artiste californien le protège en grande partie de la redite et du ressassement : formé au paysagisme et à la biologie marine avant de devenir l’assistant de Pierre Huyghe, il transforme La Panacée en une succession de paysages de formes et d’échelles variables. Les « terres arides » où une « nouvelle vie machinique » émerge d’un sol de sable aux allures de trompe-l’œil, les microcosmes composites figés dans des vitrines en acrylique ou les réactions chimiques en gros plan et en grand écran dans l’installation vidéo qui clôt le parcours composent en l’occurrence des « jardins médico-légaux », selon la formule de l’artiste. Soit un monde figé entre formes de vie et décomposition, tout à la fois sec et visqueux, où l’on déambule à tâtons, sans cartels ni repères. Produites pour l’essentiel par le Mo.Co, la vingtaine d’œuvres du parcours nouent ainsi une fiction poétique à l’élasticité délibérée, puisqu’elle se plaît à jouer avec les échelles de temps et d’espace. Max Hooper Schneider entremêle tout ce qui lui tombe sous la main avec un sens consommé du collage et du volume : il assemble Éocène et science-fiction, humour trash et romantisme, pâtisserie et poudre de mercure, kitch et spiritualité, nature morte et cabinet de curiosités. Cette profusion dévoile un artiste laborantin qui réinvente à La Panacée la posture de l’artiste démiurge pour édifier, à coup d’audacieuses métamorphoses, et, en toute liberté, un monde sur les ruines fertiles du présent.
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Sur les ruines de l’Anthropocène de Max Hooper Schneider
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°753 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Sur les ruines de l’Anthropocène de Max Hooper Schneider