Le musée d’Art contemporain de Lyon a pris le parti de mettre dos à dos deux pratiques distinctes de la subversion.
La première, celle du Sud-Africain Kendell Geers, joue, comme souvent, une partition en surrégime, entre démonstration sulfureuse et thématiques politiques. La seconde, celle du Suisse Lori Hersberger, se laisse aller aux effets glamour des destructions auxquelles il se livre. Mais là ou le premier en reste à l’illustration bruyante, le second n’en oublie pas de raccrocher les wagons de l’histoire et de la représentation.
Espaces suréclairés, salles obscures à fins néons carmin dessinant sur les murs des tableaux sans images ou des écrans muets format cinéma, Lori Hersberger alterne une série de paysages synthétiques. Moins propositions sculpturales qu’immersions sensorielles, ce sont des espaces optiques instables que le spectateur traverse. Ainsi dans l’une des salles, un gigantesque disque de néons colorés à cercles concentriques est fixé au mur, éclairant un parterre de miroirs noirs brisés au sol. Le paysage, ultra-artificiel se double alors d’une mise en scène raffinée de la violence, comme si les points d’impact sur les miroirs avaient exactement anticipé ces découpes au sol. Miroirs qui absorbent, miroirs qui reflètent, en résulte un effet de diffraction et de multiplication des espaces, des œuvres et du spectateur. En résulte encore une piqûre de rappel : la violence est depuis longtemps déjà rattrapée par le décoratif.
Même chose en circulant autour du paravent monumental installé dans une salle et dont les parois vitrées sont criblées de points d’impact et de brisures. Là où la subversion de Kendell Geers n’effraie personne, Hersberger, plutôt que de manquer sa cible, travaille son affaire de l’intérieur, préférant attaquer l’image et sa perception. Un exercice de désublimation, fût-elle maniériste.
« Lori Hersberger, Phantom Studies », musée d’Art contemporain, 81, quai Charles-de-Gaulle, Lyon (69), www.mac-lyon.com, jusqu’au 4 janvier 2009.
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Sublime violence
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°607 du 1 novembre 2008, avec le titre suivant : Sublime violence