Une œuvre sensible ne fait pas toujours une exposition intelligente, et inversement. Mais quand les deux sont réunies, cela engendre « Nested », la monographie consacrée à Su-Mei Tse actuellement présentée au Luxembourg.
Née en 1973 à Luxembourg, Su-Mei Tse est une artiste bien connue des Luxembourgeois, pour lesquels elle a remporté le Lion d’or de la meilleure participation nationale à Venise en 2003. Bien connue, certes, mais pour autant discrète, puisque sa dernière grande exposition organisée dans la capitale du Grand-Duché remonte à… 2006, au Casino.
Pour son retour, l’artiste a donc choisi avec Christophe Gallois, commissaire de l’exposition, de présenter une sélection resserrée d’œuvres emblématiques des sujets qui l’occupent depuis le début des années 2000, dont la musique et la mémoire, tout en insistant sur les évolutions récentes de son travail. On y retrouve donc avec un plaisir jubilatoire Sumy (2001), casque « audio » en résine avec coquillages intégrés, et Mistelpartition (2006), sublime vidéo dans laquelle les boules de gui sur les arbres qui rythment les routes se transforment en partition d’un concerto pour violoncelle de Shostakovich. Mais on y découvre aussi les nouvelles directions d’une œuvre qui assume aujourd’hui le contemplatif, n’hésitant pas à emprunter son vocabulaire à l’Asie, qui compose une des racines culturelles de Su-Mei Tse. Avec sa Collection de pierre (2017), ambitieuse installation présentée dans le patio du Mudam, l’artiste fait référence aux rochers de lettrés qui faisaient jadis voyager, par l’imaginaire, les artistes chinois. L’ensemble fonctionne merveilleusement grâce à un accrochage qui fait dialoguer, en canon, les œuvres entre elles, révélant ainsi l’homogénéité d’une œuvre harmonieuse, non dénuée d’humour…
« Su-Mei Tse, Nested »,
Mudam Grand-Duc-Jean, 3, Park Drai Eechelen, Luxembourg, www.mudam.lu
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : Sublime Su-Mei Tse