Sous le pont de Mark Leckey

Ici, pas de Felix the Cat, l’immense chat gonflable très pop de Mark Leckey, mais une proposition monumentale bien plus poignante. Une fois les portes de l’exposition franchies, le visiteur se retrouve sous un pont, motif récurrent chez le Britannique. Ce pont, doté d’une architecture brutale, s’avère être une reconstitution grandeur nature de l’autoroute M53 de Wirral à Merseyside, non loin de Liverpool, où le vidéaste a grandi. Il symbolise un passage entre les âges, un entre-deux entre l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Il est le lieu de la scène underground des années 1970 aux années 1990, celui où les adolescents faisaient la fête sur de la musique électronique. Il est également pensé comme un espace quasi mystique car, sous ce pont, l’artiste s’imaginait doté de superpouvoirs. Mais, il est surtout nostalgique, voire inquiétant. L’expérience est aussi immersive que multiple grâce aux jeux de son et de lumière. On distingue des mots mais jamais la totalité des conversations, et la musique passe de la techno à des mélodies plus douces. S’ajoute la lumière, tantôt inexistante, tantôt grésillante. Quant aux techniques employées, elles sont variées, allant de procédés anciens, tels que les jeux d’ombres, à l’emploi du noir et blanc en passant par les images de synthèse.