Art Contemporain - Les images de grande diffusion s’usent-elle à force d’être regardées ou ce sont plutôt nos regards qui s’épuisent devant ces balayages incessants sur des images peu à peu vidées de leur sens ? À travers son travail sur l’expérience visuelle qui nous lie aux images imprimées saturant notre environnement visuel, le photographe Willem Oorebeek (né en 1953) interroge les notions de publicité, d’espace public ou de propagande politique.
L’artiste néerlandais, installé à Bruxelles depuis 1994, est d’abord et avant tout un virtuose de l’impression qui manipule, transforme des images ou des parties d’images pour les transposer dans un autre contexte. Jonglant avec les diverses techniques de reproduction, il met à distance l’émotion et le sujet de ces images qu’on ne regarde plus à force de les voir. En jouant sur la démultiplication et la superposition, il fait de l’image imprimée la matière brute de son travail de décontextualisation de ces objets de communication a priori banals. L’exposition rassemble une quarantaine de séries couvrant toute la carrière de l’artiste, présentées de manière associative et non chronologique. Avec la série « Vertical Club », Oorebeek confronte le visiteur avec des portraits en pied de figures anonymes tirées de magazines ou de publicités qu’il fait disparaître sous des textes ajoutés comme pour les désensibiliser et en faire une surface saturée. Dans une autre salle, des travaux plus anciens, grand format, placés côte à côte sur les murs témoignent d’impressionnants jeux techniques avec les trames, les décalages et les surimpressions pour former une combinaison abstraite de signes et de symboles. La série « Blackouts » joue sur des surimpressions obscurcies, où l’image originelle subsiste à la limite de la lisibilité. Les noirs fantômes qui émergent de la pâte profonde et dense apparaissent comme une métaphore de la fatigue visuelle due à un trop-plein d’images. Le sourire de Bébel ou le crash d’un avion sont engloutis dans le même oubli visuel qui obscurcit le réel.
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Sous la surface de l’image
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°784 du 1 avril 2025, avec le titre suivant : Sous la surface de l’image