Aux côtés de manuscrits, d’éditions rares et de dessins inédits, le Musée de la vie romantique présente des œuvres d’art commentées par le poète.
PARIS - En trois salles et un boudoir, l’exposition « L’Œil de Baudelaire » ne peut montrer toutes les œuvres commentées par le poète dans ses écrits sur l’art. Il y a là, cependant, le tableau de William Haussoullier, La Fontaine de Jouvence, présenté au Salon de 1845. En 1966, René M. Galand écrivait dans le Bulletin Baudelairien de la Vanderbilt University de Nashville : « Si William Haussoullier n’a pas sombré dans un oubli total, c’est en grande partie à Baudelaire qu’il le doit. » Il précise ensuite : « La Fontaine de jouvence, c’est l’image même du paradis perdu et retrouvé, d’un univers où le principe de réalité n’a plus cours. » Thèse que le visiteur peut vérifier, puisque le tableau est présenté au Musée de la vie romantique où, comme le précise Jérôme Farigoule, directeur du lieu et l’un des commissaires de l’exposition, celui-ci « est invité à confronter, en présence des œuvres évoquées par Baudelaire, son propre regard à la sensibilité artistique de l’auteur des Fleurs du mal ». Personne ne songe ici à prouver que Baudelaire aurait eu la prescience de l’art moderne dont il a totalement ignoré les prémices, malgré une amitié chaotique avec Manet et Courbet. « La carrière de Baudelaire en matière d’esthétique, précise même Charlotte Manzini, co-commissaire de l’exposition, a été une sorte de malentendu avec son temps. Il a couru après ce qu’il ne trouvait pas et n’a pas vu ce qui était là. »
Delacroix, l’ultime référence
Dans la première et la dernière salle, la présence de Delacroix est forte. « Il est resté pour lui le peintre absolu », précise Robert Kopp, troisième commissaire de l’exposition. À côté des œuvres exposées, des extraits des écrits de Baudelaire montrent que son commentaire passe souvent par la comparaison avec le peintre romantique ou les qualités qu’il lui reconnaît. Mais ce tropisme n’est pas le seul angle de l’exposition. Partant du chapitre « Des sujets amoureux et de M. Tassaert » du Salon de 1846, les commissaires ont constitué un « musée de l’amour » qui aurait plu au poète. On y découvre un portrait inédit de sa maîtresse Jeanne Duval par Constantin Guys qu’il nommait le « peintre de la vie moderne ». Un autoportrait de Baudelaire récemment exhumé du fonds Geoffroy-Dechaume est montré aussi pour la première fois au public. Pleine de discordances et de belles surprises, cette exposition fait écho à toutes les contradictions et les fulgurances du poète.
Commissaires : Jérôme Farigoule, directeur du Musée de la vie romantique ; Robert Kopp, professeur à l’université de Bâle ; Charlotte Manzini, docteur en littérature.
Nombre d’œuvres : 166
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Sous la plume de Baudelaire
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Abonnez-vous dès 1 €jusqu’au 29 janvier, Musée de la vie romantique, 16 rue Chaptal, 75009 Paris, tous les jours sauf lundi 10h-17h40, tél. 01 55 31 95 67, www.museevieromantique.paris.fr, entrée 8 €. Catalogue éd. Paris Musées, 29,90 €.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°465 du 14 octobre 2016, avec le titre suivant : Sous la plume de Baudelaire