Savant brouillon

L’exposition itinérante que présente le Musée de l’hospice Saint-Roch d’Issoudun, en partenariat avec le Musée des beaux-arts d’Angers, donne à voir quatre décennies de sa production. L’artiste réfute le terme de rétrospective, qui inviterait à une approche historique de son travail, lequel, comme une collection, procède plutôt par accumulation et vise à « ramener les choses au présent ». Démonstration avec l’installation Shelf Life, alignement méthodique de pièces en fonte de fer, porcelaine, bronze, verre, tôle émaillée ou obsidienne échappant à toute tentative de classement. Livres découpés en forme de L, vases de cristal thermo-déformés, plaques de cuisinière et morceaux de sanitaires émaillés, couverts martelés, bobines de cuivre cuites au four entre deux feuilles de verre, etc., mais aussi un oiseau taxidermisé et, ici, deux poissons dans un aquarium. Des plats à rôti enfilés dans des collants noirs pendent à la façon des membres désarticulés d’une poupée de Hans Bellmer. Plus loin, le visiteur pense à l’Arte Povera, puis à Supports/Surfaces. S’amuse-t-il, Peter Briggs, de ces références ? Ou bien s’applique-t-il avec le plus grand sérieux à disséquer des cafetières en série et à taillader des costumes à l’emporte-pièce ? Entre partition visuelle et théâtre d’objets, entre rebuts et rébus, « Brouillon général » emprunte son titre au texte, hermétique et fulgurant, de Novalis. Vaste programme. L’exposition voyagera au Musée de Belfort en 2018 et à la Piscine de Roubaix en 2019.