L’hommage aux donateurs est un genre pratiqué par les musées qui doivent l’essentiel de leurs fonds aux collectionneurs privés.
Généralement, quelques photos et un préambule dithyrambique dédiés aux bienfaiteurs et le décor est planté. L’exposition par laquelle le Musée de l’Annonciade célèbre ses 60 ans de donations est aux antipodes : ici, point de photos ni de discours à l’entrée, seul le catalogue, très bien fait, raconte l’histoire. Elle commence en 1892 avec l’arrivée de Signac en bateau au port de Saint-Tropez. Il y résidera jusqu’en 1913, invitant de nombreux artistes à venir le rejoindre : Cross, Luce, Matisse, Camoin, Marquet, Valtat, Bonnard et… Henri Person. Celui-là eut l’idée de créer, grâce aux dons des artistes, le Museon Tropelen, pour garder la trace de leur illustre passage, créant ainsi le premier musée d’artistes vivants. Trente-deux œuvres furent rassemblées, pour la plupart des vues de Saint-Tropez, qui constitueront le noyau initial d’une collection d’art moderne. En 1937, le musée intègre la chapelle de l’Annonciade, qui sera aménagée par Georges Grammont, collectionneur d’art et nouveau conservateur, avec le legs de l’ensemble de ses collections et des dons de l’État. Après la guerre, Grammont charge Louis Sue de l’entière rénovation de la chapelle et confie l’exécution de tous les éléments métalliques à Subes. L’Annonciade ouvrira ses portes en 1955. À cette date, les choix de Grammont insufflent un nouvel élan à la collection par l’apport d’œuvres phares : elle constitue un bel ensemble homogène, comprenant des grands noms de l’art moderne : Seurat, Cross et Luce pour les divisionnistes, Bonnard, Vuillard, Denis, pour les Nabis, tous les Fauves dont Derain, Friesz, Manguin et Matisse avec sa fameuse Gitane, plus quelques artistes indépendants, dont Rouault est l’illustre représentant. À l’évidence, le dénominateur commun des peintures exposées est la couleur, la lumière et la figuration. La plupart des œuvres de cette collection sont datées d’avant 1914. Ce choix explique peut-être pourquoi, hormis une toile géométrique de La Fresnaye et deux œuvres aux formes circulaires de Robert Delaunay, la sélection exclut le cubisme, l’abstraction et le surréalisme.
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À Saint-tropez, le musée se raconte
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Abonnez-vous dès 1 €Musée de l’Annonciade, 2, rue de l’Annonciade, place Grammont, Saint-Tropez (83), www.saint-tropez.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°679 du 1 mai 2015, avec le titre suivant : À Saint-tropez, le musée se raconte