Rose Valland a eu un engagement exceptionnel en faveur du patrimoine artistique. Le but de l’exposition du Musée dauphinois de Grenoble, au-delà de l’hommage rendu à cette femme extraordinaire, est de rendre compte de l’actualité de la recherche et de la restitution des œuvres d’art spoliées par les nazis pendant la guerre.
Rien ne prédestinait cette femme d’origine modeste à la carrière qui sera la sienne. Après de brillantes études, elle obtient un poste de secrétaire scientifique au Musée du Jeu de paume… à titre bénévole. Le Jeu de paume était le principal lieu de transit en France des œuvres d’art spoliées par les nazis de 1940 à 1944. Officiellement chargée de veiller sur les collections entreposées au sous-sol, elle sera la seule responsable scientifique en prise avec les services de la spoliation des œuvres d’art. Elle répertorie tous les mouvements d’œuvres au nez et à la barbe des nazis. Une mine d’informations transmises à la Résistance à Londres. À la Libération, l’État la nomme pour la récupération de ces œuvres. Elle passera sept ans de sa vie en Allemagne. Sur les 60 000 œuvres spoliées aux juifs essentiellement et aux musées, 45 000 sont restituées après la guerre aux propriétaires ou aux ayants droit des victimes. La scénographie de l’exposition s’appuie sur les lieux importants dans la vie de Rose Valland reconstitués succinctement : sa maison natale, le Jeu de Paume et sa « salle des martyrs » représentant une partie des œuvres « dégénérées » quelques tableaux et objets récupérés dont ce canon de la cour d’honneur des Invalides spolié que Rose Valland s’est employée à faire revenir, enfin des éléments historiques de synthèse à l’attention du visiteur. Rose Valland sera promue conservatrice des Musées Nationaux en 1952, à l’âge de 54 ans.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : Rose Valland, figure héroïque de la Résistance
