Italie - Numérique

A Rome, une installation vidéo permet de « vivre » les tableaux du Caravage

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 24 mars 2016 - 562 mots

ROME / ITALIE

ROME (ITALIE) [24.03.16] - Se trouver aux côtés de Judith décapitant Holopherne, assister au Martyre de Saint Matthieu, converser avec Bacchus : la « Caravaggio Experience », une installation vidéo inédite qui débute jeudi à Rome, nous fait entrer dans les tableaux du génie pictural du XVIe siècle.

Grâce à l'aide de 33 projecteurs haute définition, cinquante-sept tableaux de Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit le Caravage (1571-1610), sont reproduits en grand sur les murs du Palais des Expositions, qui accueille la "Caravaggio Experience" jusqu'au 3 juillet.

Réalisée par les vidéo-artistes de The Fake Factory, basée à Florence (centre), cette installation se veut une "expérience sensorielle totale", utilisant tant les images, que la musique et même le parfum, provenant des ateliers de la fameuse "Officine" florentine de Santa Maria Novella.

Pourquoi le Caravage ? "Parce qu'en Italie, il est un symbole", réplique Claudio Strinati, historien de l'art, "pour son élégance", renchérit le concepteur de l'installation, Stefano Fomasi.

Si on devait définir « Caravaggio Experienc », je dirai que c'est une « installation-spectacle », dans laquelle nous avons essayé de faire une « installation-spectacle mise en scène théâtrale de son oeuvre », explique à l'AFP le vidéo-artiste, fondateur de la Factory florentine.

Avec un objectif: que le public "participe à une sorte de rite collectif, par une immersion dans l'art, afin qu'il devienne protagoniste de l'oeuvre" et lui donne envie "de voir les tableaux en vrai".

Au son d'une musique composée à base d'instruments à cordes et de percussions, le visiteur, à qui il est conseillé de s'assoir et non de déambuler comme dans une exposition "classique" pour mieux profiter de l'expérience, se fait happer littéralement par les tableaux.

Ainsi, de sa "Méduse" sortent des milliers de serpents qui, glissant sur les murs et les sols, semblent étouffer le spectateur, avant que le sang qui ne coule de la tête ne remplisse la pièce.

Quant à la musique, "elle doit servir de cadre aux tableaux, pour suggérer les sensations éprouvées en les regardant", souligne le compositeur Stefano Saletti, qui confie s'être inspiré "des contrastes et du clair-obscur" sublimé par le Caravage.

- Théâtralité, lumière et violence -
"Les tricheurs", "David et Goliath", "Judith décapitant Holopherne", "Le joueur de luth", "Jeune saint Jean-Baptiste au bélier", "la vocation de saint Matthieu"... En cinquante minutes, tous ces tableaux se succèdent en une farandole de scènes, illustrant quatre des thèmes fondamentaux de la peinture caravagesque: l'usage de la lumière, le naturalisme, la théâtralité et la violence.

Les détails - visages, mains, instruments, armes - sont agrandis "et l'on peut ainsi voir ce qu'à l'oeil nu, dans un musée, on ne pourrait voir qu'au microscope", explique M. Strinati, qui évoque une "expérience quasi-scientifique".

Les compositions des oeuvres, que Caravage soignait particulièrement, sont expliquées à l'aide de palettes graphiques et de mannequins articulés en bois qui se superposent sur les tableaux.

Ainsi, celle, fameuse, du "Martyre de Saint Matthieu", que l'on peut admirer de visu dans l'église Saint-Louis-des-Français à Rome, apparaît sous un jour nouveau et atteste, s'il en était besoin, du génie du Caravage.

Une déception cependant: les parfums qu'inhale le visiteur ne correspondent en rien aux objets ou aux personnages des tableaux. Point d'odeur de pommes, de sueur, de crottin de cheval... comme on l'espérait en pénétrant dans l'installation.

Après Rome, "Caravaggio Experience" sera exposé à Naples cet automne avant de partir en tournée à l'étranger l'an prochain.

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