Cette exposition organisée par la Fondation Gianadda est une première. Si l’on n’a jamais pensé à rapprocher Giacometti de Rodin, l’exposition montre pourtant qu’il était évident de le faire.
Giacometti est un très grand sculpteur du XXe siècle, et aucun sculpteur ne pouvait rentrer dans l’arène sans se mesurer à Rodin ou, du moins, sans avoir un contact avec celui qui était à l’époque le maître de la sculpture. Giacometti a manifesté très tôt son intérêt pour Rodin, et à plusieurs moments de sa carrière il y est revenu alors qu’il cherchait de nouvelles solutions plastiques. On découvre durant le parcours que, par un biais ou par un autre, il revient chaque fois vers Rodin. Cela démontre que, pour un artiste résolument moderne comme l’était Giacometti, mais qui souhaitait entretenir un lien avec la tradition, Rodin était la référence. Il a retenu de Rodin un certain nombre de leçons qui ne sont pas des leçons formelles : L’Homme qui marche de Rodin et Homme qui marche de Giacometti ne sont à l’évidence pas comparables. Ce dernier se tourne vers l’œuvre de Rodin avant de trouver ses propres réponses. L’exposition s’articule en plusieurs chapitres dont nous retiendrons les principaux : la question de « l’accident » dans l’œuvre, la question de la série (Rodin comme Giacometti utilisaient les mêmes modèles et travaillaient encore et encore la représentation de ce modèle pour aller toujours plus loin dans la capture de son essence), la relation essentielle à l’art du passé, notamment de l’Antiquité. C’est un élément majeur qui leur est commun à tous deux.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°726 du 1 septembre 2019, avec le titre suivant : Rodin, Giacometti : la rencontre des géants