De Delacroix à Renoir, l’IMA nous plonge dans l’univers des orientalistes. Dans le même temps, l’exposition plus modeste du Musée du Louvre réunit des dessins du Musée des beaux-arts d’Alger.
PARIS - À l’occasion de « Djazaïr – une année de l’Algérie en France », l’Institut du monde arabe (IMA) suit le parcours des peintres français partis au XIXe siècle chercher en Algérie de nouvelles sources d’inspiration. Quelque 130 œuvres – paysages désertiques, campagnes militaires, harems ou portraits traditionnels – nous offrent les visions d’une Algérie rêvée, où les artistes projettent leurs fantasmes occidentaux. Delacroix ouvre le bal avec Femmes d’Alger dans leur intérieur (1849). Prêté par le Musée Fabre de Montpellier, le tableau est accompagné d’une série d’études au pastel et à l’aquarelle. Aux femmes mystérieuses et lumineuses du plus célèbre des orientalistes font écho les figures indolentes d’un Intérieur de harem (vers 1849-1856) de Chassériau ou celles des Femmes mauresques d’Alger dans leur appartement (1846), par Philippoteaux. Autre sujet de prédilection des peintres : la prise d’Alger en 1830 et les différents conflits où s’illustrèrent les fameux cavaliers arabes jusqu’en 1847 – date de la reddition du chef de la résistance algérienne Abd el-Kader. Horace Vernet immortalise ainsi, en 1839, Le Combat de Somah, tandis qu’Auguste Raffet réalise une série de lithographies sur La Retraite de Constantine (1838). Aux épopées militaires succèdent des scènes de la vie quotidienne, telle Une rue à El-Aghouat (1859) de Fromentin et Tisseuse (1889) de Paul Leroy, mais aussi des photographies d’époque, comme cette Jeune fille au narghilé (1859) qui pose pour Gustave de Beaucorps. Le parcours s’achève avec Auguste Renoir qui, lors de deux séjours à Alger en 1881 et 1882, réalisa Algérienne et son enfant ou la célèbre Mademoiselle Fleury en costume algérien, deux toiles pittoresques aux couleurs vives.
Parallèlement à l’IMA, le Musée du Louvre expose des dessins du Musée des beaux-arts d’Alger, datant du XIXe et XXe siècle : une Femme mettant son corset exécutée au pastel par Degas, des études signées Chassériau, une Jeune femme vue en buste réalisée par Derain ou encore cette Danseuse nue esquissée par Rodin. Sélectionnées parmi les 1 750 feuilles de la collection d’arts graphiques du musée algérien, les œuvres ont bénéficié à cette occasion d’une vaste opération de restauration. Une campagne qui leur permet de retrouver l’éclat de leurs couleurs originelles.
- DE DELACROIX À RENOIR. L’ALGÉRIE DES PEINTRES, jusqu’au 18 janvier 2004, Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, 75005 Paris, tél. 01 40 51 38 38, tlj sauf lundi 10h-18h, 19h les week-ends et jours fériés. Catalogue, éditions Hazan, 296 p., 49 euros. - DE DELACROIX À MATISSE. DESSINS FRANCAIS DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS D’ALGER, jusqu’au 19 janvier 2004, Musée du Louvre, 75001 Paris, tél. 01 40 20 53 17, tlj sauf le mardi et le jeudi, 9h-17h30 et 21h30 le mercredi. Catalogue, éditions Somogy, 119 p., 35 euros. À voir : un documentaire sur le Musée d’Alger programmé sur France 5 (lire l’encadré p. 38).
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Rêves orientalistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°180 du 7 novembre 2003, avec le titre suivant : Rêves orientalistes