Disposées sur plus de 100 m2, six sculptures-maquettes d’immeubles se dressent tels des spectres livides jusqu’à 4 mètres de hauteur.
Martine Feipel (née en 1975 au Luxembourg) et Jean Bechameil (né en 1964 en France) partagent, depuis 2008, leurs regards et questionnements sur un monde en constante mutation. « Un monde parfait », réalisé il y a quatre ans, s’impose dans cette exposition consacrée aux frictions contemporaines entre beauté et dégradation, forces de vie et déchéances. « Ce projet a émergé alors que nous nous trouvions dans un embouteillage près de Paris, à l’échangeur de Bagnolet. Nous étions entouré d’immeubles construits dans les années 1950-1970, aujourd’hui souvent terriblement dégradés. Nous avons voulu évoquer cette histoire urbaine qui fut riche en espoirs. » Ces cités conçues pour être radieuses étaient portées par des rêves de progrès, de confort et de convivialité. Un demi-siècle plus tard, elles cristallisent un échec terriblement visible. Trois des quatre tours, construites en résine sur le modèle des tours-nuages de Aillaud à Nanterre, présentent des plaies béantes sur leurs flancs. Un long immeuble, la barre Balzac de la Cité des 4000 à La Courneuve, apparaît intact au premier regard. Martine Feipel et Jean Bechameil ont réalisé cette imposante forme en éliminant tout ce qui doit être retiré – fenêtres, canalisations…, en fait tout ce qui n’est pas en béton – avant qu’il ne soit dynamité. Il le fut en 2011. Des dessins de bâtiments semblant délicatement s’effriter accompagnent les sculptures.
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Rêves déchus des années 1960
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Abonnez-vous dès 1 €CODA Museum, Vosselmanstraat 299, Apeldoorn (Pays-Bas), www.coda-apeldoorn.nl
Légende Photo :
Martine Feipel & Jean Bechameil, Un monde Parfait, 2013, vue de l’installation au CODA Museum. © Martine Feipel & Jean Bechameil.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°697 du 1 janvier 2017, avec le titre suivant : Rêves déchus des années 1960