Si l’on croque du chocolat en même temps que l’on en respire les effluves, les expériences du goût et de l’odorat s’en trouvent annulées, pour cause de tuyauteries nerveuses communes.
À vérifier en activant l’un des dispositifs soumis par Jean Dupuy à la villa Arson ; en même temps qu’on regardera par un œilleton le sommet inexploré de son propre crâne, penché sur une Table à impression, déposant au passage les empreintes répétées de nos fronts et nez de regardeurs.
« À la bonne heure ! » cisèle un bref chapitre rétrospectif tout en poésie et en légèreté en rejouant quelques trésors mal connus de Jean Dupuy. « C’est qui ce type ? », écrit Arnaud Labelle-Rojoux dans l’excellent catalogue qui lui est consacré. Un peintre dont l’abstraction obéit d’abord aux hasards des gestes avant que de renoncer à elle-même. Dupuy, c’est ensuite l’acteur libre et élégant de la contre-culture new-yorkaise, qu’il rejoint en 1967 : art technologique d’abord, puis expositions et soirées performances collectives aujourd’hui cultes dont il scénarise les contraintes, encouragé par Olga Adorno, l’ardente compagne.
Revenu aux mécanismes bricolés aux prises avec le ready-made et l’œil du regardeur, Dupuy explore la pratique des anagrammes qui rythme et structure un travail d’une gaieté et d’une vivacité intactes. La rétrospective sonne comme une invite à glisser un pied dans la porte, avec l’envie instantanée d’y glisser le corps tout entier.
« Jean Dupuy. À la bonne heure ! », villa Arson, Nice (06), www.villa-arson.org, jusqu’au 28 septembre 2008. « Jean Dupuy. En 4e vitesse », villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer (83), www.villatamaris.fr, jusqu’au 7 septembre 2008.
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Rétrospective Dupuy
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°605 du 1 septembre 2008, avec le titre suivant : Rétrospective Dupuy