Les Musées royaux des beaux-arts de Belgique célèbrent cette année le 50e anniversaire de la disparition de leur artiste star, René Magritte (né en 1898 à Lessines).
À côté d’une exposition-dossier passionnante consacrée au merveilleux poète surréaliste Marcel Lecomte, une grande exposition questionne l’influence que Magritte a eue et continue à avoir sur la scène artistique. Plus de cent cinquante œuvres ont été réunies pour l’occasion. Comme le titre de l’exposition le laisse présager, la part belle est faite à Marcel Broodthaers, désigné comme le principal héritier de Magritte. Celui par qui cette icône du surréalisme belge devint précurseur malgré lui du pop art et de l’art conceptuel. Le dialogue commence à se nouer autour de Stéphane Mallarmé, dont l’intérêt pour la plasticité du langage a fasciné tout autant les deux artistes. C’est ainsi que débute l’exposition, déclinant dans sa première partie les jeux d’images et de langage auxquels se livrèrent ces deux Belges. Ce qui débouche en toute logique sur des œuvres conceptuelles d’artistes américains comme Joseph Kosuth et On Kawara.
La manière dont Magritte s’empare des objets du quotidien et les peint de façon froide et impersonnelle a aussi beaucoup frappé les artistes. Et c’est sur cet autre point que l’exposition s’attarde dans un deuxième temps. On voit combien Broodthaers a « recyclé » de nombreux objets utilisés par Magritte comme les bottes, le chapeau melon… ou encore la fameuse pipe, qu’on retrouve notamment dans l’œuvre phare de Magritte, La Trahison des images (1928-1929), qui n’avait plus été exposée en Belgique depuis 1971. Les artistes pop américains furent également fascinés par Magritte, à commencer par Andy Warhol, qui l’a collectionné, ou des artistes pré-pop tels Jasper Johns et Robert Rauschenberg. Du côté français, on retrouve quelques nouveaux réalistes, Arman, César, qui ont eux aussi cité ou rendu hommage à l’homme au chapeau melon. C’est sans compter sur des figures actuelles comme Gavin Turk ou Sean Landers, très inspirés par la période « vache » et insolente de Magritte. Toutes ces filiations auraient mérité d’être mieux contextualisées et le visiteur traverse ce parcours construit de manière thématique et parfois énigmatique comme il traverserait un jeu de piste.
« Magritte, Broodthaers & l’art contemporain »,
Musées royaux des beaux-arts de Belgique, rue de la Régence 3, Bruxelles (Belgique), www.fine-arts-museum.be
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°709 du 1 février 2018, avec le titre suivant : RENÉ Magritte, Broodthaers et Cie