Conceptuel

Rendez-vous avec Ian Wilson

Le KW, à Berlin, rouvre ses salles avec l’art de la discussion – ou l’échange parlé pour matière

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 15 février 2017 - 369 mots

BERLIN - Pour sa réouverture après une première tranche de travaux de rénovation, peut-être le KW-Institute for Contemporary Art de Berlin souhaitait-il lancer un nouveau programme d’expositions qui mette en exergue les espaces ?

Si tel était le cas, mission est accomplie avec la prestation de Ian Wilson (né en 1940) invité pour l’occasion, dont l’exposition apparaît dépouillée à l’extrême, avec ici et là quelques documents placés sous vitrine ou encadrés et guère plus. On n’en attendait pas moins – ou pas plus – de ce chantre de la « discussion », qui, depuis la fin des années 1960, a toujours fait montre, non d’une expressivité plastique débridée mais, à l’inverse, d’une retenue drastique dans la formulation visuelle. Car la matière de Wilson, c’est la langue parlée.

Cette exposition fait une nouvelle fois la démonstration de la capacité singulière de l’artiste sud-africain à explorer les potentialités du langage et de la communication à travers les interactions engagées par le biais de la discussion, devenue son seul médium artistique. Le contenu d’une vitrine se révèle d’ailleurs fort explicite, en réunissant des cartons d’invitation datés entre 1970 et 1999, qui tous convient à des « discussions » avec l’artiste dans le cadre d’expositions dans des galeries ou des musées ; « Ian Wilson. Discussion sur l’absolu. Dimanche 9 mai 1999, une discussion aura lieu au Palais des beaux-arts, Bruxelles », est-il par exemple donné à lire sur l’un d’eux.

Aucun compte rendu de la rencontre n’est dressé
C’est bien là l’originalité du conceptualisme de Wilson que d’être centré, par-delà son extrême sécheresse, sur la rencontre et le dialogue. S’il annonce sa venue afin de susciter celle des visiteurs, aucun compte rendu de la rencontre ni de la teneur des échanges ne sera dressé ultérieurement, au-delà de la simple mention de sa tenue. « Il y a une discussion », proclame ainsi on ne peut plus sommairement une simple phrase dactylographiée sur une feuille de papier signée par l’artiste en 1972.

Plus loin, tracé à la craie au sol, un cercle sert justement de cadre à la rencontre (Circle on the Floor (Chalk Circle), 1968). Il est la seule trace tangible d’un échange et d’une physicalité dans cet art qui, c’est là son fascinant paradoxe, en est totalement dépourvu alors qu’il ne peut exister sans eux.

IAN WILSON

Jusqu’au 14 mai, KW Institute for Contemporary Art, Auguststraße 69, Berlin, tél. 49 30 243459-0, www.kw-berlin.de, tlj sauf mardi 11h-19h, jeudi 11h-21h, entrée 8 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°473 du 17 février 2017, avec le titre suivant : Rendez-vous avec Ian Wilson

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