Rencontres entre dévotion et galanterie

Plusieurs des grandes tapisseries accrochées dans cette exposition illustrent des textes célèbres comme les sacrifices de Lucrèce et de Clorinde. Ornée de colonnes où alternent perles et feuilles de chêne, l’une d’elles, exécutée à Bruxelles vers 1520, s’appelle Le Monde mis en balance. On  y voit un plateau chargé des vices, l’autre des vertus. Deux femmes tentent de maintenir leur fragile équilibre. Installées en face des allégories médiévales, des poèmes renaissants et de trois magnifiques grotesques sur fond jaune tissés à Florence vers 1546-1560, les créations de douze artistes contemporains se proposent d’établir des dialogues avec ces pièces historiques. Invitant le regard du visiteur à prendre parti tout au long du parcours, ils reformulent chacun avec une œuvre convaincante (Ma collection de proverbes d’Annette Messager, évocation des sentences écrites sur les phylactères), provocante (Les Coqs en grès émaillé de Johan Creten), surprenante (la gigantesque roue Paramor de Jean-Luc Verna qui renvoie au logo de la Paramount), discutable (La Veuve poignet de Philippe Favier) ou anodine (Un morceau de toi d’Anne Brégeaut) le combat éternel du bien et du mal. Les codes changent, l’humain reste. Horace avait raison, la vertu est bien à mi-chemin entre deux vices.